« Est-ce que ça va aller ? »
Bill acquiesça et pressa la tasse de thé chaude contre son visage. Il respira la vapeur et laissa échapper une toux. « Ouais, bien sûr. J’ai juste attrapé froid. Merci pour le thé, au faite. » Sa voix se cassa et il cligna des yeux vers Tom en une fausse exagération.
Tom sourit et posa un petit paquet de biscuit salé sur le petit lit du tourbus. Tom se pencha, sa main touchant le front de Bill doucement. « Tu n’es pas chaud. » Il retira sa main et Bill gémit. « Mange quelque chose, » dit Tom.
Bill acquiesça. « Tu ferais mieux d’y aller, nan ? »
« Ouais, nous avons rendez-vous en boîte, » dit Tom. Bill toussa une nouvelle fois, fort cette fois-ci.
Gustav entra dans la cuisine du tourbus et se moqua, « En boîte ? Ce n’est pas vraiment romantique, Tom. » Georg passa également sa tête à l’intérieur de la pièce et leva le pouce.
« La classe en toute circonstance, Kaulitz, » croassa Georg.
« Je pense que c’est cool, » dit Bill, leur faisant une grimace. Les deux rigolèrent et Tom soupira.
« Ouais, c’est cool à moins qu’il revienne au milieu de la nuit et que tu lui bottes le cul encore une fois, » dit Georg. Ça avait été une vraie source de rigolade pour Gustav et Georg. Il y a seulement deux semaines, Tom était rentré comme une tornade dans le bus à trois heures et demie du matin et s’était écroulé directement dans le lit de Bill. Bill n’était pas une personne matinale, ça c’était sûr. Il n’était pas beaucoup plus une personne de la nuit.
Il n’était pas non plus une personne conditionnée pour un Tom bourré. Spécialement quand celui-ci sentait la fille.
« Il ne m’a pas botté le cul, » dit Tom. Bill roula ses yeux, prêt à râler au souvenir, mais il mordit sa langue. Au lieu de dire quelque chose, il toussa encore et s’affala dans son lit.
« Oh, ma tête, » gémit-il. Il ferma ses yeux, mais en garda un entr'ouvert pour regarder Tom.
« Ce n’est pas très important, sérieusement. » dit Tom.
« Non, c’est énorme. » dit Georg. « Un second rendez-vous ? Est-ce que c’est la fin du monde ? Qui est cette fille ? »
« Ouais, » renchérit Gustav. « C’est quand la dernière fois que tu as été à un rendez-vous ? Je ne me rappelle même plus que tu es eu un rendez-vous un jour. »
« J’en ai eu pas mal, » dit Tom.
Gustav grogna. « Je n’appellerais pas ce que tu as eu ‘rendez-vous’. »
« Peu importe, vous êtes dingues les gars, » dit Tom. Il mit sa casquette et se retourna vers Bill. « Qu’est-ce que tu vas faire ce soir ? »
Bill garda ses yeux fermés et dit, d’une voix faible et fatiguée, « Je crois que je vais sortir avec ses loosers. »
« Gustav et moi sortons dehors, » dit Georg. Tom croisa ses bras et Georg pointa un doigt vers lui. « Je ne vais pas rester enfermé dans le tourbus toute la nuit parce que Bill se sent un peu patraque, si c’est ce que tu penses. »
« Je n’ai pas besoin d’un baby-sitter, vraiment, ça ira, » dit Bill de son lit. Il se retourna et toussa dans son oreiller. Tom jeta un regard dur à Georg.
« Non, » dit Georg.
« On peut rester, » dit Gustav, haussant les épaules. « On voulait juste aller au ciné. »
« Me laissez pas ruiner votre soirée, » dit Bill dans l’oreiller. Il laissa échapper un gémissement sourd.
« J’ai une vie, » dit Georg à Tom. Tom haussa ses sourcils. « En plus, c’est ton frère. Tu restes. »
Tom fronça ses sourcils et regarda Bill. Bill pouvait sentir les yeux de son frère sur lui et roula sur le dos.
« Tu ne vas pas rater ton rendez-vous parce que j’ai un rhume, » dit Bill. Il renifla un peu et lui lança un regard malheureux, l’air pathétique. « Les gars vous êtes des couillons. Vraiment. Sortez tous d’ici, vous me donnez la migraine. » Il agrippa sa tête.
« Mais si jamais tu-- »
Georg coupa Tom. « Il a un portable. S’il a besoin de quelque chose, Dieu m’en garde ! Il appellera Dave ou quelqu’un. »
Tom regarda intensément Bill puis soupira. « Tu m’appelles, ok ? S’il y a un problème ? »
« Je ne vais pas interrompre ton rendez-vous, » dit Bill. « J’appellerai Georg. » Georg roula ses yeux.
« Je ne vais pas laisser mon portable ouvert au cinéma. »
« J’aurai mon portable ouvert, » dit Tom. « Ok ? » Il attrapa son sweat-shirt et se dirigea vers la porte.
Bill mordit sa lèvre. « Ok. » Il toussa un peu, très fortement.
Tom jeta un dernier coup d’œil coupable à Bill, attrapa son portefeuille, et sauta en dehors du bus. Georg marmonna quelque chose à propos de la démence et suivi Tom pour aller fumer. Gustav, qui avait été silencieux pendant une grande partie de la conversation, se pencha vers le lit de Bill et lui sourit.
« Tu n’as pas de rhume, » dit-il. Bill ouvrit sa bouche pour protester mais Gustav l’interrompit. « Je ne pensais pas qu’il allait y aller. Il doit vraiment apprécier cette fille, nan ? »
Bill fronça les sourcils. « La ferme, Gustav. Je suis malade. »
« Tu n’étais pas malade avant qu’elle appelle, » dit Gustav. « D’ailleurs, je t’ai vu mettre le thermomètre sous l’eau chaude du robinet. »
Bill s’assit, prêt à contredire Gustav, mais son visage s’assombrit. A quoi bon? Tom était parti de toute façon. « Bien. Je ne suis pas malade. »
« Non que tu n’étais pas convaincant. J’ai cru que Tom allait avoir un anévrisme à force d’essayer de trouver une solution. » dit Gustav. « Tu veux aller au ciné avec nous, ou tu vas vraiment rester toute la nuit au lit à geindre ? »
Bill repoussa la couverture. « Bien, allons-y. » Il tendit la main pour agripper son portable mais Gustav le lui déroba avant qu’il ne le puisse.
« Hin hin, tu n’appelleras pas Tom. »
« Je ne peux pas aller à une soirée sans sa présence, » tenta Bill.
« Ouais, puis quand il reviendra tu le défigureras. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans ta tête la plupart du temps, mais je sais que tu n’es pas content que Tom aille à ce rendez-vous. Tu sais Bill, il ne peut pas rester avec toi pour toujours. »
Après ça, Gustav attrapa sa veste et laissa Bill seul dans le bus.
Bill donna un coup dans le lit et lança un regard noir. « Pourquoi pas ? »
**
Bill se réveilla subitement, sentant des mains sur ses épaules et son visage. « Quoi? » murmura-t-il. Puis il le sentit. C’était l’odeur de Tom (épicé, musqué, propre), couplée avec le toucher de Tom (intense, rugueux, chaleureux). « Tom ? »
« Tu vas bien ? » demanda Tom, il poussa Bill d’un coup de coude et s’introduit dans la couchette. Il faisait si sombre, Bill ne pouvait même pas voir ses propres mains.
« Quelle heure il est ? » demanda Bill.
« Seulement une heure, » dit Tom. « J’ai essayé de t’appeler toute la nuit et tu ne répondais pas et quand j’ai appelé Dave il a dit qu’il n’avait pas eu de nouvelles de toi, du tout. » Tom pris une longue inspiration et caressa la joue de Bill. « T’as l’air bouillant. »
‘Ouais,’ pensa Bill, fermant ses yeux. Bill se recroquevilla contre Tom. « Je vais bien. Je me sens beaucoup mieux. »
« T’es sûr? Je ne voulais pas te laisser… »
Bill acquiesça, sa tête se cognant contre l’épaule de Tom. « Tu ne peux pas rester avec moi pour toujours, » dit Bill calmement, répétant les mots que Gustav avait dit plus tôt. « Comment était ton rendez-vous ? »
« Je ne sais pas, » dit Tom.
« Mauvais ? »
Tom caressa le cou de Bill et s’y nicha. Ils bougèrent ensemble dans une familière, presque intime, étreinte. Ils discutaient comme ça tout le temps, c’était naturel. « Elle était en quelque sorte en rogne, j’ai essayé de me tirer pour t’avoir au téléphone. »
Bill sourit, content que Tom ne put le voir dans le noir. « Ça craint. »
« Je lui ai dit que tu ne te sentais pas bien, alors si elle voulait faire sa salope… » Tom s’arrêta.
« Ouais, si elle fait sa salope tout le temps, peut-être que ce n’est pas la bonne fille. Tu sais ‘l’unique’, » dit Bill. Il renifla le coup de Tom. « Tu sens comme la cigarette. »
« Désolé, » dit Tom. « Tu sais, je ne saisis pas. »
« Hmm ? » Bill savait ce que voulait dire Tom, ils avaient déjà eu cette conversation plusieurs fois.
« Pourquoi les filles n’acceptent pas que tu es une bonne partie de ma vie, » dit Tom. Il pressa l’épaule de Bill. « Est-ce que tu vas réellement bien ? Tu avais l’air vraiment mal plus tôt. »
Bill se sentait merveilleux. Tom était rentré, sobre, et il ne sentait pas la fille. « Je vais parfaitement bien, » murmura-t-il. Il ferma ses yeux. « Quand tu trouveras la bonne fille, elle comprendra et tu sauras que ce sera l’unique. »
Tom se laissa glisser et ils se couchèrent côte à côte, les épaules connectées. « Tu as raison, » dit-il.
Bill laissa échapper un doux souffle et pour la centième fois, il espéra que non.
**
« J’ai dormi comme un bébé hier soir, » dit Gustav, zieutant Bill de la salle de bain.
« Cool pour toi, » dit Bill. Il était occupé à appliquer correctement l’eye-liner sur son œil.
« Alors, tu n’as pas été jusqu’à botter le cul de Tom ? »
Bill posa son eye-liner sur la table et se tourna vers Gustav. Ils étaient seuls dans la salle de bain et Gustav avait ce sourire semblant dire « je sais tout » sur le visage. Bill le détestait. « Il n’était pas bourré et n’a pas fait l’idiot, alors non, » dit Bill.
« Tu veux dire, il n’a pas baisé cette fille. » Gustav sourit et Bill reprit son eye-liner.
« Je m’en fous s’il baise avec un million de filles, » dit Bill. Il pensait à arracher l’œil de Gustav avec le crayon. Gustav rit et Bill serra ses dents l’une contre l’autre. « Pourquoi est-ce que t’es autant un trou du cul dernièrement ? »
« Pourquoi est-ce que t’es autant un menteur ? » Leurs yeux se rencontrèrent puis se fixèrent. Gustav releva un sourcil et Bill détourna le regard.
« Bien, je ne voulais pas qu’il baise cette fille, mais juste parce qu’elle n’était pas faite pour lui. Et si j’avais vraiment été malade ? Tom a dit qu’elle était une salope à propos de tout ça. »
Gustav avait l’air amusé. “Ok, Bill. Peu importe ce que tu dis.”
Bill tapa du pied et Gustav grogna. « Tu peux être si condescend, Gustav. Je vais aller chercher Georg. »
Bill prit sa trousse de maquillage et passa devant Gustav. « Tu veux dire Tom ? »
« Oh va te faire, Gustav, » dit Bill, et il claqua la porte derrière lui.
**
« Sérieusement, » dit Gustav, « c’est trop voyant. »
Ça avait été ça pendant toute la semaine, ces commentaires. Bill était malade de se battre contre eux.
« Ok, quoi ? » demanda Bill, soupirant. Ils étaient dans le tourbus, assis à la petite table de la cuisine. Ils venaient juste de revenir d’une interview et étaient sur la route pour leur prochaine date.
« Pendant cette interview, » dit Gustav.
Bill roula ses yeux. « Ouais, j’y ai participé. Pourquoi étais-je voyant et en quoi ? »
Gustav sourit et s’assit. « Je t’ai observé. »
« Ew, » dit Bill.
« Depuis que tu as donné un coup de genou dans le bas-ventre de Tom après cette soirée au club. Tu sais, quand il a baisé cette-- »
Bill cogna Gustav et tendit le cou pour voir au fond du bus. Georg et Tom étaient en train de jouer aux jeux vidéo. « Aïe, » dit Gustav, caressant son bras.
Bill souriait à présent. « Vas-y. »
« Peu importe, » dit Gustav. « Je t’ai observé. Tu penses vraiment que tu vas rester toute ta vie avec lui, n’est-ce pas ? »
« Il a dit qu’on le ferait et c’est mon seul frère. »
« Ouais, mais ça ne peut juste pas marcher, » dit Gustav.
« Ça peut marcher, ça marche, » dit Bill. Il mordit sa lèvre et baissa le regard vers la table. « Je ferai en sorte que ça marche. »
« Bien, ça ne fonctionnera pas. Tom aime trop aller voir ailleurs. »
« La ferme à propos de ça, » dit Bill, « et dis-moi comment je peux être aussi voyant. »
Gustav acquiesça. « Le regard furieux dès que Tom a mentionné les groupies. »
« J’étais furieux ? »
« Ouais, et tu as roulé plusieurs fois des yeux, » dit Gustav. « Et le coup du micro. »
« Il ne voulait pas me le donner ! » cria Bill puis il rougit légèrement. « Oh mon dieu, qu’est-ce que je vais faire ? »
« Pour arrêter ? »
« Non, idiot, pour être moins voyant, » dit Bill. « Tu penses que Tom sait ? »
« Non, il est plutôt crétin quand il s’agit de toi, » dit Gustav. « Et encore je suis sympa. Mais tu devrais arrêter. Il se débrouille tout seul. »
Bill souffla. « C’est ridicule. De toute façon, je ne stopperai rien du tout. »
« Oh ouais? Pourquoi est-ce que tu penses qu’il ait cassé avec ces quatre dernières… non cinq! filles ? »
« Il n’aime pas s’engager, » dit Bill.
« Non, c’est toi qui n’aime pas l’engagement, » Gustav donna un coup de pied.
« Je suis pour l’engagement ! »
« Ouais, ouais. C’est inutile. Je t’observe. »
Bill roula ses yeux. « Il n’y a rien à voir. »
« Bien sûr. »
**
« Gustav, dégage de là ! » cria Bill, tapant Gustav à la jambe. Bill et Tom étaient sur le canapé dans le minuscule appartement du groupe, blottis l’un contre l’autre, une bouteille de vin vide au sol.
« Je pensais que Tom devait sortir ? » dit Gustav.
« Bill a perdu son téléphone portable, » dit Tom, ayant du mal à articuler.
Gustav fixa Bill. « Elle est pas mal celle-là. »
« Tu ruines ma nuit, » dit Bill. « Avec ta remarque… bref. Donc, pars. »
« J’habite ici, » dit Gustav.
« On se détendait juste, » dit Bill. « N’est-ce pas Tom ? »
Tom étira ses jambes sur le canapé et s’appuya contre Bill. « Ah ah. » Il sourit ivrement à Bill. « Veux aller au lit ? »
« Non, » dit Gustav.
« C’était pas à toi qu’il demandait, » dit Bill. Il posa son bras autour de l’épaule de Tom et sourit mystérieusement à Gustav. « Suis-je trop voyant ? »
« Vous avez deux chambres différentes, » dit Gustav.
« T’es trop dingue, » Tom rigola. « Oh mon dieu, Gustav. »
Les deux se levèrent, l’un s’accrochant à l’autre. « ‘Nuit, Gustav, » dit Bill. Il tira Tom loin de Gustav, jetant à son ami un regard méchant par-dessus son épaule alors qu’il passait devant la chambre de Tom et tirait son frère dans sa propre chambre.
Une fois à l’intérieur, Bill claqua la porte.
« J’ai ma propre chambre, Bill, » dit Tom, tombant en arrière sur le lit. Il grogna, se tortillant, puis sortit quelque chose de dessous son dos. « Ton téléphone ! » s’exclama-t-il, brandissant le portable.
Bill appuya sur l’interrupteur pour éteindre la lumière et s’approcha doucement de Tom. Le seul faisceau de lumière était le faible éclairage de la lampe posée à côté du lit. « Je sais que tu as ta propre chambre, je voulais juste être loin de Gustav. On ne va pas vraiment au lit. »
« On n’y va pas ? » demanda Tom. Bill acquiesça et se glissa à côté de Tom. « Ton téléphone. » Il le posa dans la main de Bill. Bill agrippa la main de Tom où était le téléphone.
« T’aurais pu sortir ce soir, tu sais, » dit Bill. « C’est juste un téléphone. »
« Tu étais… angoissé, » dit Tom. Bill laissa le téléphone portable tomber et agrippa fortement la main chaude de Tom dans la sienne. Tom sentait Tom et Bill se sentit soudainement coupable.
« Je ne t’empêche pas de faire des choses, si ? » demanda subitement Bill. Tom se rapprocha un peu, et leurs joues rougirent. Bill grogna légèrement au toucher. Il y avait quelque chose qu’il aimait dans le fait d’être aussi proche de Tom. « Tom ? »
« Pourquoi tu dis ça ? »
Bill pouvait sentir le vin dans l’haleine de Tom. Il voulait vraiment rester allongé toute la nuit et continuer à le sentir. C’était, ouais, comme la baise. Peut-être que Gustav avait raison.
« Juste, je ne t’empêche pas de sortir avec des filles ou… Je ne sais pas. » Bill pressa la main de Tom.
« Pas du tout, » dit Tom. Il frotta sa joue contre celle de Bill. Les doigts de pieds de Bill se contractèrent dans ses chaussettes.
« Bien. Gustav est un gros con. »
« Pourquoi ? »
Bill cligna des yeux, ses cils se frottant contre ceux de Tom et dit, « Rien. »
Gustav avait tord. Bill ne poussait pas Tom à ne rien faire. Ils étaient juste mieux ensemble.
« Hey, reste ici ce soir, » dit Bill. Puis ajouta rapidement, « Si tu veux. »
Tom était déjà endormi. Bill se déplaça et éteint la lampe. Il pouvait voir les traits du visage de Tom dans l’obscurité et était intérieurement réconforté de savoir que le profil était exactement le même que le sien.
Gustav ne pouvait juste pas comprendre.
**
« T’es pas obligée de faire ta salope ! » hurla Tom. Il arpentait le couloir du tourbus, téléphone en main. « Non, Jess, tu l’es. »
Bill sortit sa tête de sa couchette au même moment où Gustav le faisait.
« Qu’est-ce que t’as fais ? » articula silencieusement Gustav.
Bill parut indigné. « J’ai rien fait du tout, » dit-il, alors que Tom entrait dans une autre pièce. Il était deux heures du matin et Tom venait juste de rentrer de son rendez-vous et était actuellement en train de s’engueuler avec au téléphone.
Georg, qui arrivait à dormir malgré le tremblement de terre, ronfla dans sa couchette.
« Tu as forcément dû faire quelque chose, » dit Gustav. « Je t’ai entendu parler au téléphone il y a de ça une heure. »
« Est-ce que ça t’arrives de t’occuper de tes affaires ? » dit Bill.
Gustav secoua sa tête. « Qu’est-ce que t’as fais ? »
« J’ai sûrement dû agripper mon téléphone et appeler celui de Tom, » dit Bill. « Dans mon sommeil. Ce n’est pas un crime. »
« Si tu veux casser avec moi, alors casse avec moi ! » cria Tom de l’autre pièce.
Gustav fixa Bill.
« Je l’ai appelé mais je n’ai rien dit du tout ! » dit Bill pour se défendre.
« Bill, » dit Gustav, « il était en rendez-vous ! »
« Je n’ai rien fais du tout. »
« Tu savais qu’il allait revenir. Il a probablement pensé que tu avais bu et que tu étais tombé dans les pommes quelque part comme cette fois à Paris. Tu nous avais tous appelé et avais juste respiré dans le téléphone. On t’avait retrouvé dans le caniveau. »
« Bien, c’est pas comme s’il n’y avait jamais fait face, » dit Bill. « Donc il doit forcément y avoir quelque chose d’autre. »
« Tes stupides bottes sont près de la porte, il sait que tu es ici, » dit Gustav.
« S’il est revenu d’un rendez-vous parce que je l’ai accidentellement appelé, c’est son problème, pas le mien. »
« Bien, alors ne me rappelles plus jamais ! » hurla Tom.
Georg ronfla et Gustav soupira. Bill l’entendit passer près de son rideau puis le son étouffé des baskets de Tom firent demi-tour dans l’allée. Tom poussa doucement le rideau de Bill.
« T’es réveillé ? » murmura Tom.
Bill bougea dans un bruissement et dit, aussi groggy qu’il pu, « Tom, t’es revenu ? »
Gustav ricana dans sa couchette.
« Ouais, tu vas bien ? » Tom se glissa dans la couchette, ses mains trouvant le visage de Bill.
« Mm, bien sûr, » dit Bill. « Pourquoi t’es revenu si tôt ? »
« Aucune raison, » dit Tom.
Bill se sentait presque mal, mais réellement, les choses avaient marché comme prévues. Jessica était la reine des salopes et non pas une bonne chose pour Tom. En plus, elle était nécessiteuse.
« Tu vas rester ? » demanda Bill, baillant pour de vrai.
« Ouais. » Tom ferma le rideau et Bill était enfin prêt à dormir.
**
« Rendez-vous numéro trois, » dit Gustav. Bill marcha directement vers Gustav et le tapa sur la tête. Ils étaient à l’appartement, Bill pouvait entendre Tom et Andreas dans l’entrée.
« Bon dieu, t’occupes pas de ça, » rétorqua Bill.
Gustav releva ses mains. « C’est le troisième rendez-vous qu’il annule. Je fais juste une constatation. »
« T’es juste devenu un trou du cul. » Bill lui lança un regard noir. « Andreas ne vient pas nous voir si souvent, et Tom aurait été un abruti s’il était sorti la nuit où Andreas était en ville. »
« Andreas est juste venu pour une visite ? »
Bill ouvrit sa bouche puis la referma.
« Tu l’a invité, » dit Gustav.
« C’est mon meilleur ami, il me manque. » Bill était plus qu’ennuyé que Gustav calcule ses moindres faits et gestes. « Tu dois arrêter de t’occuper de mes affaires. »
« Tu dois arrêter de t’occuper de celles de Tom, » dit Gustav.
« La ferme ! » hurla Bill, sa colère éclatant pour de bon.
Andreas et Tom choisirent ce moment pour entrer. « Wow, qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda Tom.
Gustav marmonna et Bill le pointa du doigt, menaçant. « Gustav fait son connard. »
Tom rigola. « Andreas et moi voulons sortir pour voir un film, vous voulez venir avec nous les gars ? »
« Je viens, » dit Gustav, jetant un regard à Bill.
« Bien, » dit Bill. « Mais je ne m’assois pas à côté de Gustav. »
Gustav sourit. « Je me mettrai à côté de Tom. Tu pourras t’asseoir à côté d’Andreas. »
Bill parvint à peine à retenir son regard noir.
**
Cette nuit-là, Bill sortit du lit, enjamba Andreas qui était sur le sol, et marcha à pas feutrés dans le couloir. Tout le monde dormait. Parfait.
Il parcouru aux aguets le couloir jusqu’à être devant la porte de Tom. Il pressa sa main contre le bois et laissa échapper un petit sursaut quand elle s’ouvrit dans un petit craquement. Il trébucha presque en entrant dans la pièce, surprit de voir Tom éveillé, assit sur son lit avec le téléphone à l’oreille.
« Ouais, mais on ne peut pas reporter, » dit Tom. Il regarda Bill, qui était debout près de la porte et leva sa main. Bill ne bougea pas, il regarda juste Tom. « Ok, cool, ça sera amusant. La semaine prochaine ? Parfait. Je dois y aller, maintenant. » Tom regarda Bill. « Non, vraiment, désolé. J’ai quelqu’un d’autre qui veut me parler, c’est ma mère. ‘Peux pas faire autrement. Ok. Je te rappelle plus tard, Danielle. Bye. »
Tom ferma son téléphone et le posa sur le lit.
« Un problème? » demanda Tom.
« Tu as dit que maman t’appelait. »
Tom rigola et tapota le lit à côté de lui. « Elle ne l’a pas fait. »
Bill sourit, sentant quelque chose de chaud dans son ventre, et ferma la porte. Il parcourut la pièce et s’assit à côté de Tom. « Désolé que tu es loupé ton rendez-vous ce soir. Mais tu as reporté, alors c’est bien. »
« Ouais, et elle a été cool à propos de tout ça. » Tom donna une chiquenaude à Bill avec son orteil. « Peut-être qu’elle est ‘l’unique’. » Il fit un clin d’œil et Bill au lieu d’approuver, fronça les sourcils. « Hey, ce sont tes mots, pas les miens. »
« Je suppose, » dit Bill. Il s’assit sur ses genoux et se recula pour être derrière Tom.
« Qu’est-ce que-- »
Bill mit ses mains sur les épaules de Tom et commença à les masser doucement. « Tu es tendu, » dit Bill dans le but de se justifier.
Tom gémit et laissa sa tête retomber. « Tu es trop doué à ça. »
« J’ai eu beaucoup de pratique, » dit Bill. Il descendit ses mains, sentant la colonne vertébrale de Tom et appuya ses doigts contre les muscles de son frère. « Tu as besoin de plus de repos. »
Tom tourna sa tête et sourit. « Ouais, maman me l’a dit, aussi. »
« Je suis meilleur que maman, » dit Bill. « Parce que je te laisse t’amuser et m’inquiètes pour toi. »
Tom se pencha légèrement en arrière, coinçant les mains de Bill entre son dos et la poitrine de Bill. « Tu es un bon frère. » Les dreads de Tom chatouillaient le nez de Bill et Bill poussa Tom en avant.
« Je ne peux pas le faire si tu es assis comme ça, » dit Bill, doucement. Il fit rentrer les épaules de Tom et continua de le masser. Ses mains étaient devenues plus tendres. « Alors, tu apprécies vraiment cette fille, Danielle ? »
Tom grogna alors que Bill appuyait sur une zone particulièrement sensible de son dos douloureux. « Ouais, pas toi ? »
Bill renversa sa tête en avant, la posant sur l’épaule de Tom. « Est-ce que ça a de l’importance ? »
Tom se retourna soudainement, se dégageant de la prise de Bill. « Tu sais que oui. »
« Peut-être… que ça ne devrait pas en avoir, » dit Bill. Il voulut immédiatement retirer ce qu’il venait de dire. Mais il continua de voir la remarque stupide de Gustav défiler devant ses yeux. « Tu devrais rencontrer quelqu’un parce que tu l’apprécies, en ignorant ce que je pense. »
Bill s’attendait à voir Tom sourire ou dire ‘merci’ ou quelque chose. Mais Tom poussa juste Bill à l’épaule et se retourna.
« Quoi ? » demanda Bill, anxieux. « Qu’est-ce que j’ai dis ? »
« Rien, » dit Tom. Il commença à se relever du matelas.
« Je l’aime bien, ok ? » tenta Bill. Il mit une main sur le dos de Tom, juste entre les omoplates. Il pouvait sentir les muscles de Tom se tendre. « Elle est bien. Je pari qu’elle me supporte même si je fais ma salope et accapare tout le temps ton temps libre. »
Tom se retourna brusquement et donna un coup de poing dans la main de Bill. Bill poussa un cri aigu, les yeux grand ouverts.
« Tu n’es pas une salope, » dit Tom, la voix ferme.
« J’en suis une en quelque sorte, » dit Bill. Tom agrippa la main de Bill, la retournant et la fixant. Les articulations de Bill étaient rouges. « Ça ne fait pas mal. »
« Désolé, » dit Tom. Il approcha la main de Bill de sa bouche et frotta ses lèvres contre la peau. Bill laissa échapper un souffle.
« J’ai… j’ai invité Andreas, » dit Bill. « Je savais que tu avais un rendez-vous. »
Tom embrassa le poignet de Bill. « Je sais. »
« Mais… » Bill essaya de dégager sa main mais Tom la tenait fermement. « Cette nuit-là, quand tu as cassé avec Jessica… »
« Tu m’a appelé avec un motif, » dit Tom. Il tira Bill plus près, jusqu’à ce que Bill soit lui aussi assit sur ses genoux. « C’est ok. »
Bill gigota et Tom le caressa de son nez, partant de son bras jusqu’à son épaule. « Je n’avais pas vraiment perdu mon téléphone portable. »
Tom embrassa le point de pulsation du cou de Bill. « Je sais, » dit-il contre la peau. Sa bouche s’ouvrit et Bill gémit.
« Je… je… n’ai jamais été malade, » haleta Bill. « Je suis… » Tom lécha son cou et remonta jusqu’à son oreille.
« Je sais tout ça, » dit Tom. Il donna un petit coup de nez contre l’oreille de Bill. « Tu me pardonnes ? »
Bill se tortilla, fondant contre Tom et agrippant ses bras autour de lui. « Moi te pardonner ? » demanda Bill.
La main de Tom trouva le visage de Bill et le tint. « Ouais, » dit-il, et vraiment tout doucement embrassa la bouche entr’ouverte de Bill.
Bill expira par le nez et fondit juste. C’était la chose qu’il avait voulu la plupart du temps, même s’il n’était pas entièrement sûr que c’était ça qu’il voulait. Il voulait être proche de Tom, et maintenant il y était.
« Comment est-ce qu’on pourrait casser avec Danielle ? » demanda Tom, embrassant Bill encore une fois. Cette fois-ci Tom ouvra la bouche de Bill avec ses lèvres et glissa sa langue à l’intérieur. Bill miaula et lécha les dents de Tom.
« Je pourrai avoir la grippe, » dit Bill, le regardant fixement alors qu’il se reculait un peu. Leurs nez se cognèrent et Bill s’avança furtivement pour un autre baiser.
« Tu pourrais perdre une chaussure. »
Bill eut un petit rire. « Je pourrai mourir de la grippe quelque part. »
Les yeux de Tom s’assombrirent et il poussa Bill en arrière, le couvrant immédiatement de son corps. « Non, » dit-il, passant ses mains dans les cheveux de Bill. Bill ferma ses yeux et se laissa embrasser par la meilleure personne qu’il n’ait jamais eue.
Les légers coups de langue et pressions devinrent profonds et appuyés et Bill gémit et se tortilla sous Tom.
« N’arrête pas, » gémit Bill. Tom sourit et continua. Toute la nuit.
**
Gustav avança son cou, essayant d’entendre la conversation téléphonique de Tom de sa couchette.
« Danielle, je suis désolé, Bill a la grippe, ou quelque chose. Je ne sais pas. »
Gustav regarda dans la cuisine où Bill était gaiement en train de faire deux sandwiches au beurre de cacahouète et à la gelée. « Tu veux l’un ou l’autre ? » demanda Bill à Tom du couloir. Tom mit une main contre le haut-parleur de son téléphone.
« L’un, » répondit-il.
Bill sourit et étala un peu de beurre de cacahouète sur le pain.
Gustav se gratta la tête.
« Ouais, et puis aussi ma mère est venue pour un concert, donc on ne peut pas, » dit Tom. « Écoute, je ne sais simplement pas si ça va pouvoir se faire. Je suis vraiment occupé, on a un mois surchargé qui approche. »
Gustav savait que Tom savait qu’ils avaient le mois prochain entièrement libre. Ils étaient tous excités à propos de ça.
« Je suis désolé. Ouais. Je comprends. Bye. » Tom raccrocha le téléphone et trottina jusqu’à Bill. « Hey, tu le coupes mal, » dit Tom. Il tapa Bill sur les fesses.
Bill rigola. « Comment ça s’est passé ? »
« Bien, » dit Tom.
« Bien, » répéta Bill.
Gustav ferma le rideau de sa couchette et pensa, « Ben ça alors ! »