Chapitre 16

Tom éternua et se renfrogna alors qu'il frottait ses mains ensemble. Et voilà, de retour dans la misérable, foutue et froide neige. Ses derniers jours sur la magnifique île tropicale étaient passés bien trop vite.

Cependant, Gordon avait été judicieux de proposer aux garçons de partir en voyage de ski; il ne savait pas combien de temps sa femme tiendrait encore. Quelques soirs auparavant, Tom et Bill s'étaient montrés à la porte avec la police à leurs côtés. Ils avaient apparemment eu des relations sexuelles en pleine journée, sur la plage, dans un hamac. Simone n'avait pas très bien pris la nouvelle – elle s'était enfermée dans sa chambre et enfouit sous les couvertures, regardant des Western toute la journée.

Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne devienne dingue. Alors, pour son bien, Tom et Bill étaient rentrés en Allemagne en avion.

« Tomi, arrête tes jérémiades » Bill donna un coup de coude au dreadlocké. « On va bien s'amuser. »

« Non, on va pas » grommela Tom. Il venait de passer les jours précédents à jouer de la guitare nuit et jour sur la plage – il avait acquis une petite fortune et ne pouvait s'empêcher de penser que l'argent allait être gâché.

« Regarde, je crois que je vois Bushido » Bill pointa du doigt. Tom plissa les yeux et en effet, débout, près du chalet du groupe des garçons, se tenait l'homme à l'air toujours bourru et coléreux.

Les cheveux du cou de Bushido se hérissèrent et il se retourna lentement, sa bouche s'ouvrant alors qu'il remarquait Tom et Bill.

« Putain, génial » siffla-t-il, enfouissant ses mains dans ses poches. Son métier voulait qu'il passe la semaine à venir dans ce putain d'endroit à la con recouvert de neige, à regarder un troupeau d'adolescent chiants, et encore mieux, il s'avait qu'il allait devoir s'occuper de ces deux jeunes hommes machiavéliques et obsédés.

« Pas besoin d'utiliser ce type de langage! » pépia Gülcan à côté de lui, ses faux cheveux blonds ramenés sous un chapeau de Père Noël. « Allez, défroncez-moi ces sourcils! »

Bushido grogna en réponse et alla rapidement dans le chalet afin d'éviter l'approche de Bill et Tom.

« Bonjour » lança Bill d'un ton enjoué une fois que Tom et lui furent devant leur professeur blonde. « Nous voilà! Où est notre chambre? »

« Votre chambre? » Les deux sourcils, trop fins, de Gülcan se haussèrent. « Oh, mon cœur, personne ne te l'a dit, il n'y a qu'une seule chambre. »

« Hein? » La bouche de Bill s'ouvrit en grand.

« C'est vrai! Tous les garçons de ce voyage dorment dans le sous-sol de ce chalet, parterre. On a des sacs de couchage en plus, si vous en avez besoin. »

« Il doit y avoir une chambre! C'est un chalet énorme! » cria presque Bill, bougeant hystériquement ses mains en l'air.

« Désolée, mais toutes les chambres sont pour les accompagnateurs et les professeurs » sourit Gülcan, n'ayant absolument pas l'air désolé. « Je suis sûre que ça sera amusant de dormir avec tous les autres garçons! »

« Il y en a à peu près combien? » demanda suspicieusement Bill, croisant ses bras.

« Environs une douzaine. »

« Et par quel moyen à la con arriveriez-vous à faire rentrer une douzaine de garçons sur un seul sol? » tonna Bill.

Gülcan sentit arriver une des célèbres crises de Bill et ricana nerveusement. « Je vais aller voir les autres élèves. Mettez-vous à l'aise, ok? » Et sur ce, elle se retourna et courut derrière Bushido, dans le chalet.

Bill la fixa s'enfuir avant de se tourner pour regarder Tom, qui avait l'air aussi misérable qu'il l'était en réalité.

« Ce serait une bonne occasion de te rappeler que je voulais rester à St. Bart. Où nous avions notre propre chambre, le room service et une grosse TV et ce, sans professeurs chiants » dit Tom. Il était énervé mais ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu suffisant – après tout, il avait eu entièrement raison.

Bill n'était pas d'humeur à l'admettre. « La ferme » soupira-t-il. Il arracha son sac des mains de Tom et le traîna derrière-lui dans le chalet, jurant sous cape.

Tom lui lança un regard mauvais avant de le suivre, soupirant alors que l'idée tant redoutée prenait vie autour de lui. Bill marcha dans le chalet défraichi, les épaules lourdes tandis qu'il essayait, sans succès, de trouver quelque chose de positif à ce voyage. Il n'allait pas admettre qu'il avait eu tord cependant et marchait silencieusement, la respiration de Tom parvenant sur son cou.

Le sous-sol du chalet était légèrement plus sympa – la pièce était grande et le sol couvert d'un tapis moelleux. Il y avait une grande cheminée, alors allumée, ainsi qu'un écran plat de télévision au mur et une assez grande salle de bain.

« Une salle de bain? Pour environ une douzaine de garçons? » Bill avait envie de vomir. « Ça devrait être illégal! » cracha-t-il et il lança son sac dans un coin de la pièce. Il pensait que si Tom et lui avaient le coin le plus sombre, ils pourraient au moins se faire quelques 'faveurs' sans que les autres garçons ne s'en rendent compte.

« Où sont passés les autres? » Tom jeta son sac à côté de celui de Bill, toujours de mauvaise humeur. Il avait besoin de s'éloigner de Bill, juste pour un petit instant. Le brun était à ses basques depuis des semaines et Tom avait besoin d'une pause. Après tout, supporter Bill et ses humeurs était extrêmement crevant.

Pile à cet instant, les voix d'autres garçons emplirent le sous-sol alors que le reste des élèves descendait les escaliers.

« Hé, vous êtes venus les mecs! » Georg les repéra de l'autre côté de la pièce et alla vers eux, tapant l'épaule de Tom d'une main.

« Ouais » dit Tom, s'éloignant déjà de Bill.

Gustav et Andreas rejoignirent rapidement leur groupe. A la plus grande consternation de Bill, les trois autres garçons posèrent leurs sacs près de leur coin à Tom et lui, les privant de l'intimité qu'ils auraient pu avoir.

« Je crois que tout le monde est là » dit Gustav, clignant des yeux en regardant la pièce. Il y avait à peine de l'espace pour bouger, surtout depuis que des garçons avaient déroulé leur sac de couchage, marquant leur territoire.

« Hé! » aboya Bushido, sa voix faisant écho. « Tout le monde ici, tout de suite! »

Les garçons obéirent et montèrent les marches, retournant dans l'entrée principale de la bâtisse. Bushido et Gülcan se tenaient près de l'entrée, des paquets de feuilles dans les mains.

« Bienvenus dans le voyage au ski annuel de l'académie Heisenberg » commença monotonement Bushido. « Le règlement est le même que celui de notre merveilleuse école. Chaque matin, Mme Karahanci et moi même emmènerons un groupe faire les courses quotidiennes. Si vous ne souhaitez pas participer aux excursions de groupe, vous pouvez aller sur une autre piste, seulement si vous avez un camarade avec vous. »

Bill jeta un coup d'œil à Tom, lui souriant. Il effleura les doigts de Tom des siens et fronça les sourcils – est-ce que Tom venait à peine de se reculer légèrement?

« Le déjeuner sera servi tous les jours dans le pavillon de ski à midi. Le diner sera au même endroit, à six heures. Si vous manquez un repas, c'est votre problème » continua sèchement Bushido. « Si vous sortez seul avec un pote, vous devez être de retour dans le chalet avant huit heures précises. Quiconque ne respecte pas cette règle... Je m'entretiendrai personnellement avec lui » gronda Bushido, sa voix devenant menaçante. Ses yeux se posèrent sur Bill et Tom et il leur lança un regard bref avant de se tourner à nouveau vers le reste du groupe. « Des questions? Bien. Maintenant, allez-y, foutez ce que vous voulez. »

Il regretta ses mots quand le chaos éclata dans le chalet. La moitié des garçons courut à l'étage du dessous pour attraper leurs skis pendant que l'autre moitié courrait en dehors du chalet, dans la neige, comme des fous.

« Soyez de retour avant huit heures! » hurla Bushido. Il secoua la tête et souffla, sortant du chalet et claqua la porte derrière-lui.

« Bon! Que veux-tu faire? » Le visage de Bill s'illumina d'un grand sourire alors qu'il se tournait vers Tom. Il avait décidé de garder une attitude positive pendant le voyage et il faisait des efforts énormes pour être gentil et positif.

« J'sais pas » marmonna Tom.

Bill tiqua. Bordel, comment pouvait-il être gentil si Tom ne coopérait pas?

« Une promenade, ça te dirait? » suggéra Bill, ne s'avouant pas vaincu.

« Dans la neige? » siffla Tom. « Tu sais, ça a l'air particulièrement merdique comparé à une promenade sur le sable. »

« Arrête de te plaindre. Tu as une veste, non? » Bill leva les yeux au ciel, posant ses mains sur ses hanches. « Tu ne veux pas d'un peu d'air frais? Allez, allons juste nous promener. »

« Bill, pourrais-tu, s'il te plait, me laisser tranquille pendant cinq putains de minutes? » cracha Tom. À peine les mots sortis de sa bouche, qu'il souhaita pouvoir les ravaler. Il avait parlé sans réfléchir et se sentait horrible. Le visage de Bill s'assombrit et son expression était soit énervée, soit triste – impossible de la déchiffrer.

« Bien » dit finalement Bill. « Je vais te laisser seul » Il se retourna et alla vers le sous-sol.

Tom ne dit rien. Il hocha silencieusement la tête et regarda Bill se retirer. Il était ravagé de culpabilité et il savait qu'il était simplement frustré du changement de plan de vacances, qu'il rabattait sa colère sur Bill. Mais la manière dont l'habituelle fierté de Bill fut brisée fendit le cœur de Tom.

« Hé, Tom. On sort prendre un café » Georg enroulait une écharpe autour de son cou. « Tu viens? »

« Euh... » Tom regarda tour à tour la porte d'entrée par laquelle Bill était parti et Georg. Une tasse de café fumant aurait été parfaite, surtout à cause du froid. Il ignora cependant son instinct égoïste et sourit en retour à Georg. « Une autre fois. »

N'attendant pas une réponse, il fit son chemin dans le sous-sol. Bill était assis au milieu de la pièce. Son corps longiligne était recroquevillé sur lui-même alors qu'il était assis en tailleur devant la cheminée, son visage sans expression. Ses bras étaient enroulés autour de ses genoux et ses cheveux retombaient sur ses épaules, lui donnant l'air vulnérable.

Le rouge des flammes se reflétait contre le corps légèrement bronzé de Bill – les ombres dansant sur ses traits et même ses cheveux ébène semblaient briller. Il était magnifique.

« Hey » lança doucement Tom, rejoignant Bill sur le sol. Il lui sourit, son geste fut ignoré car Bill continua de fixer le feu. Tom pouvait voir le reflet des flammes dans les yeux charbonneux de l'autre garçon.

« Tu peux aller avec les autres mecs si tu veux » chuchota Bill après quelques minutes de silence. « Je m'en moque. »

« Bien sûr que non » soupira Tom, posant une main sur le genou de Bill. « Je n'aurais pas dû dire... Je n'ai pas réfléchi »

« Je m’en fous » soupira Bill. Sa voix le trahissait et ses yeux étaient un peu trop brillants. « Si tu n'as pas envie de me supporter, alors ok. Personne ne me supporte de toute façon. »

« Ce n'est pas vrai » Tom resserra la prise de sa main. « En plus, j'ai envie de te supporter. »

« Ne mens pas. Même mes propres parents étaient contents de me voir partir. »

« C'est des conneries et tu le sais » murmura Tom, remontant sa main pour essuyer les lignées noires de maquillage sur le visage pâle. Il posa sa main sur la tempe de Bill, frottant doucement son pouce contre son front. Il tira joueusement sur le piercing et la bouche de Bill s'étira.

« Hé... regarde » Bill hocha la tête vers le mur adjacent à la cheminée. Tom leva la tête et sourit en voyant une guitare appuyée contre le mur. Elle était clairement là à des fins décoratives mais Tom se leva et l'attrapa par le manche, la ramenant avec lui près de Bill.

« Pourquoi ne chanterais-tu pas? » marmonna Tom, commençant à pincer les cordes.

Bill plissa son nez. « Chanter? Moi? »

« Je t'ai déjà entendu chanter, surtout quand tu es sous la douche et que tu penses que personne ne te regarde » Tom fit un clin d'œil et pinça la cuisse de Bill.

« Espèce de pervers! » Bill fit semblant d'être énervé et chassa la main de Tom. « Je ne chante pas si bien de toute façon. »

« C'est quoi ça? Est-ce que le petit impudent Bill deviendrait timide et modeste? » Tom leva les yeux au ciel. « Sérieusement, Bill, tes changements d'humeur font peur. Tu n'as pas tes règles quand même? »

« Va te faire » Bill tira la langue, la petite boule de métal brillant dans la lumière du feu.

« Peut-être plus tard » Tom haussa un sourcil. « Maintenant, chante pour moi. S'il te plait? »

« Puisque tu as dit 's'il te plait' » soupira Bill. Il posa sa tête sur l'épaule de Tom, ses lèvres s'entrouvrant lentement alors qu'il commençait à chanter. Tom ferma les yeux, ses doigts semblant créer une mélodie de leur propre-chef, en rythme avec les doux fredonnements de Bill.

Quand Bill s'arrêta brutalement, le monde sembla réaparaître autour d'eux. Tout avait été doux et harmonieux penant que la voix veloutée de Bill avait empli la pièce.

« Qu'est-ce qui ne va pas? » demanda Tom, posant la guitare sur ses genoux.

« Rien » rougit Bill, posant ses doigts à plat sur le tapis moelleux. « Tu es juste... vraiment beau » Il semblait gêné et il embrassa furtivement Tom. « Je vais aller prendre un bain brûlant, ok? » Il fixa Tom avec un regard plein de sous-entendus, effleurant ses dreadlocks de ses doigts tandis qu'il se levait. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, ses lèvres se retroussant et ouvrit lentement la porte de la salle de bain, la fermant derrière lui. Il fit attention à ne pas fermer à clef et enleva ses vêtements, allumant le robinet d'eau chaude.

Le visage de Tom se réchauffa et il s'éclaircit la gorge, posant la guitare à côté de lui. Il savait pertinemment que c'était une des rares opportunités que Bill et lui auraient pendant ce voyage. Même Bill avait assez de pudeur pour ne pas vouloir de sexe en étant entouré d'une douzaine d'autres personnes.

Alors Tom resta assis encore quelques minutes, voulant taquiner un peu Bill. Quand assez de temps fut passé, il se mit debout et fit un pas vers la salle de bain.

« Qui est en bas? »

Tom se figea. Il reconnut cette voix grave. Il essaya de ne pas grogner quand Bushido arriva à grand renfort de pas bruyants. Il avait l'air encore plus renfrogné que d'habitude – probablement parce que ses cheveux très courts était couverts de neige et que ses doigts étaient bleus et gonflés.

« Trümper. J'ai du boulot pour toi. »

« Quoi? » La bouche de Tom s'ouvrit d'horreur. « Je suis désolé monsieur, je me préparais à prendre un bain. » Il fit un signe désespéré vers la salle de bain.

« La baignoire n'ira nulle part » grogna Bushido. « Enfin, il y a une grosse pile de bois derrière le chalet qui a besoin d'être emmenée à l'intérieur pour que l'on puisse rester au chaud cette nuit. Cet endroit merdique n'a rien d'autre que des cheminées pour chauffer. »

« Apportez le bois vous-même » cracha Tom, son front se plissant. Il se foutait d'avoir répondu à un adulte supérieur à lui. Il ne voulait pas manquer un moment intime avec Bill. De plus, il préférait largement une partie de jambes en l'air à une après-midi de collecte de bois.

« Comment occupes-tu tes heures d'intérêts généraux? » sourit méchamment Bushido.

Tom pâlit immédiatement à ces mots. Il avait complètement oublié cette punition que Bill et lui étaient obligés de faire.

« Ne pouvez-vous pas me donner... trente, non, quinze minutes? » Tom regarda la porte de la salle de bain, bougeant nerveusement ses pieds.

« Non » dit sombrement Bushido. Il reluqua Tom une fois de plus, appuyant son autorité et se retourna, hochant la tête pour indiquer à Tom de le suivre.

Tom grogna mais savait qu'il n'avait pas le choix. Il lança un regard d'excuse à la porte de la salle de bain et pria Dieu pour que Bill ne soit pas trop en colère contre lui au moment où il rentrerait.

**

« Bill? » chuchota Tom dans le noir.

Pas de réponse. C'était frustrant parce que, sans savoir comment, Tom savait que Bill était réveillé.

« Bill, arrête de faire le gamin » soupira Tom. Il s'assit lentement, s'assurant que ses habits ne se froissent pas trop. Il savait qu'ils étaient entourés d'une douzaine d'autres personnes dormant dans cette chambre, et il ne voulait pas avoir à faire avec elles, si elles se réveillaient. « Je te l'ai déjà dit, ce n'était pas ma faute. »

« Et je te l'ai déjà dit, j'ai attendu dans cette putain de baignoire pendant trois putains d'heures, jusqu'à ce que l'eau devienne froide » répliqua finalement Bill. Il était sur le côté, son dos face à Tom.

Tom mâchonna son piercing. Il regarda autour de lui une fois de plus, vérifiant que Bill et lui étaient bien les seuls à être réveillés. Puis il s'extirpa lentement de son sac de couchage et tapa Bill du bout des doigts pour qu'il lui fasse de la place.

« Je te le revaudrai » marmonna Tom, la bouche contre l'oreille de Bill. Le sac de couchage était à peine assez grand pour une personne et brûlait presque alors qu'un autre corps se glissait dedans. La largeur du sac pressa le torse de Tom contre le dos de Bill et l'échange de chaleur humaine était presque un peu trop chaud. Mais aucun des deux ne s'en soucia.

« Et comment vas-tu faire ça? » demanda doucement Bill. Grâce au léger tremblotement dans sa voix, Tom sut que Bill était dans une petite phase de désarroi émotionnel. Il venait de faiblir après s'être confié à Tom et était probablement un peu brisé à cet instant.

Tom plaça sa joue sur l'épaule de Bill, fixant les flammes presque éteintes dans la cheminée. Sa bouche se tordit dans un petit sourire et il repoussa lentement Bill, forçant l'autre garçon à se mettre sur le dos pendant qu'il grimpait sur lui.

« N'y pense même pas » articula silencieusement Bill. Les mains de Tom étaient de chaque côté de lui, le soulevant un peu de sur lui mais les jambes de Bill commençaient à s'engourdir. La position était horriblement inconfortable.

« Reste aussi silencieux que tu le peux » dit Tom à voix basse, effleurant ses lèvres contre une pommette de Bill. Ce dernier frissonna mais hocha la tête, essayant de se relaxer. Très lentement, Tom glissa sa main le long du torse de Bill, jusqu'à ce que ses doigts se stoppent sur l'élastique du pyjama de Bill. Il passa sa main à l'intérieur, agréablement surpris de ne trouver aucun sous-vêtement.

« J'avais une intuition... » Bill haussa les épaules en guise d'explication, une lueur espiègle dans les yeux.

« Bien » marmonna Tom, embrassant la gorge de Bill pendant que ses mains passaient en dessous du sexe de l'autre garçon pour venir légèrement serrer ses testicules. Bill poussa un petit gémissement, sentant un picotement familier parcourir son bas ventre. Il déglutit, baissant la tête pour essayer de voir ce que faisait Tom. Mais il faisait noir et la plus grande partie du corps de Tom était dans le sac de couchage.

« Ah, Tom » haleta doucement Bill, cambrant son dos et poussant ses hanches en avant afin que les gestes de Tom soient un peu plus appuyés. La chaleur déferlait rapidement dans son ventre et sa chair se durcissait, prenant de plus en plus vie à chaque caresse experte délivrée par les doigts de Tom.

« Silence » lui rappela gentiment Tom. Il fit traîner ses ongles le long de la verge de Bill, passant son pouce contre la fente. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir fier et satisfait en sentant l'humidité du liquide séminal de Bill. Il amena ses doigts humides à sa bouche et les lécha, regardant les yeux noirs de Bill pour être sûr d'être vu.

La vue ne le rendit que plus dur et Bill souleva désespérément son bassin, suppliant silencieusement d'en avoir plus. Il était d'ordinaire plus bruyant à ce moment-là, et il était presque douloureux de devoir rester si silencieux.

Bill ne put s'en empêcher – quand les ongles de Tom grattèrent la peau sensible en-dessous de son sexe, il rejeta sa tête en arrière et couina, ses hanches partant en avant.

« Putain! » siffla Tom, appuyant sa main libre contre la bouche de l'autre garçon. Il fronça les sourcils et regarda autour d'eux, s'assurant que personne ne s'était réveillé. Quelques garçons gigotèrent et Georg poussa un gros ronflement en roulant de l'autre côté, tournant le dos au couple occupé.

Tom laissa sa main sur la bouche de Bill et continua à le toucher, enroulant ses doigts autour de son érection alors qu'il commençait à le branler. Bill pleurnichait et gémissait, ses bruits étouffés, et ferma les yeux, son front brillant de sueur.

Tom le regardait. Bill avait l'air si vulnérable, ses gémissements disparaissant dans la paume de Tom et il se contorsionnait sous lui, roulant des hanches en suppliant pour une libération. C'était trop à supporter pour lui. Tom tenait absolument à faire plaisir à Bill et à recevoir son pardon, mais il pouvait sentir son propre sexe pulser.

« Merde. Viens » grogna Tom et il défit la fermeture éclair du sac de couchage, se mettant debout sans perdre une seconde. Bill resta allongé un instant, haletant, les tempes ruisselantes puis se leva avec du mal. Tom et lui enjambèrent les autres corps endormis jusqu'à atteindre la salle de bain. Tom ferma la porte, essayant de ne pas être trop bruyant et la verrouilla.

Avec un grondement d'urgence, il attrapa Bill et le retourna, poussant son visage contre le mur le plus proche. Il abaissa d'un geste le pantalon de Bill avant de baisser son propre pantalon et son boxer et se positionna derrière l'autre garçon. Il jeta un coup d'œil impatient autour de lui et repéra une petite bouteille de lotion. Il en fit gicler un peu dans ses mains et les frottas l'une contre l'autre.

« Mets tes mains sur le mur » marmonna-t-il et Bill obéit, posant ses paumes à plat contre le mur. Il poussa un petit gémissement alors que les doigts de Tom pénétrèrent à l'intérieur de lui. Ils furent rapidement remplacés par un plus important morceau de chair tandis que Tom le pénétrait lentement.

Tom faisait entrer et ressortir son sexe du corps leste. Il voulait aller plus vite, il voulait entendre Bill crier, mais il savait que n'importe quel bruit raisonnerait dans la minuscule salle de bain et apporterait des questions délicates de la part des autres. Alors il rassembla tout le self-control qu'il pouvait et déposa des baisers humides dans le cou de Bill pour s'empêcher d'être trop bruyant.

« Tellement proche » chuchota Bill, inclinant son cou de façon à ce que sa tête repose sur l'épaule de Tom. Celui-ci enfouit sa tête dans le creux du cou de Bill, sentant son propre orgasme approcher.

Le sperme de Bill jaillit contre le mur de la salle de bain et il gémit, continuant de rouler ses hanches en rythme avec les à-coups de Tom. Le blond serra les hanches de Bill et planta ses dents dans le cou de l'autre garçon – s'il ne l'avait pas fait, il aurait crié assez fort pour réveiller tout le chalet. Bill siffla de peine, attrapant les mains de Tom, et peu de temps après, il put sentir le sperme de Tom couler le long de ses cuisses. Il soupira et appuya son front contre le mur, essayant de retrouver sa respiration.

Tom déglutit et passa ses mains le long des côtes de Bill. Il déposa un doux baiser à l'endroit où il avait mordu Bill et frotta son nez contre lui.

« Tu me pardonnes, pas vrai? »

Bill se recula, coupant le contact avec le mur et se retourna dans les bras de Tom, souriant.

« Qui a dit que je te pardonnais? »

Tom haussa un sourcil, ses lèvres s'étirant lentement alors que Bill lui donnait une pichenette sur le nez.

« Cependant, je pourrais peut-être te pardonner si tu me tiens chaud cette nuit » ajouta Bill, posant une main sur sa hanche.

« Ça marche. »

**

De retour dans leur sac de couchage, Tom était blotti contre Bill, ses bras autour de la petite taille de l'autre garçon, son visage dans son cou. Il inhala l'odeur sucrée de Bill et poussa ses hanches en avant, se courbant contre celles de Bill. Bill miaula et caressa sa main, se blottissant encore plus contre lui.

« Hé, Georg? »

Tom se tendit alors que le petit chuchotement d'Andreas vint à lui.

« Mm? » grogna Georg en retour au blond.

« T'as pas entendu quelque chose? »

« Non. »

« T'es sûr. J'aurais pu jurer qu'il y avait des gens dans la salle de bain...comme s'ils étaient en train de se branler. »

« T'entends des choses, débile. »

« Va te faire enculer. »

« Non merci. »

Andreas humpffa pour toute réponse et roula sur le côté, frappant son oreiller avant de reposer sa tête dessus. Georg émit un autre ronflement, se rendormant instantanément.

Tom sourit contre le cou de Bill.