A la fin du cours d'histoire, Tom rassembla ses affaires et les fourra dans son sac, appréhendant le cours de sport qui marquerait la fin de la journée.
« Tom, attends! » Il regarda derrière lui et vit Bill qui le suivait en souriant. Depuis la nuit dernière, Tom ne détestait quasiment plus Bill. Bien sûr, celui-ci était encore prude, pourri gâté, exubérant, odieux et chiant, mais l'intolérance de Tom face à tout ça avait incroyablement diminué.
Bill arriva à sa hauteur, les pommettes rougies à cause de sa course.
« Tu ne vas pas en sport, hein? » demanda-t-il.
« Malheureusement, si » grommela Tom, roulant des yeux.
« Chiant! T'veux sécher? »
Tom grogna. « Sécher et ensuite? C'est pas comme si on pouvait aller en ville sans se faire chopper. Bushido adorerait nous coincer à nouveau. »
« Tom, sérieux, faudrait que tu arrêtes d'être une telle poule mouillée » ricana Bill. « En plus, c'est le premier vendredi du mois. On a cette petite tradition, tu sais, celle où moi, Andreas, Georg et Gustav séchons le dernier cours et glandons. Tu veux t'joindre à nous? »
Tom hocha la tête. Bien sûr qu'il avait envie de se joindre à eux. Tout paraissait mieux qu'aller en sport et se faire hurler dessus par Saki.
« Génial! » Bill poussa un petit cri. Il attrapa la main de Tom et l'entraîna dans la direction opposée, vers le bâtiment Franck.
« Qu'est-ce que tu fais? »
Bill ralentit et se retourna pour regarder Tom. « Quoi? »
Tom posa son regard sur leurs mains entrelacées. Bill gloussa et haussa les épaules, ne relâchant pas la main de Tom. Ça ne dérangeait pas vraiment celui-ci.
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Georg prit une taffe du joint et le tendit à Tom. Tom grimaça avant de secouer la tête. Georg haussa les épaules et l'offrit à Bill. Ce dernier jeta un coup d'œil à Tom puis secoua la tête à son tour.
« Tant pis pour vous, chatons » Georg leur tira la langue avant de tirer longuement sur le joint.
« T'es tellement chiant quand t'es défoncé » Gustav secoua la tête, changeant de chaine sur la TV.
« Hey, faut partager! » pleurnicha Andreas, arrachant le joint des lèvres de Georg avant de le prendre entre les siennes. Il inhala, ses narines se dilatant et ses yeux se fermant alors qu'il se penchait en arrière contre le lit.
« Ooooh, reste sur celle-ci! » Georg pointa son doigt vers la TV.
« ...quoi? » Gustav se retourna pour le regarder. Ce n'était rien d'autre qu'une pub ennuyante pour un démaquillant.
« Oh... pas grave. J'avais cru voir des tétons » Georg loucha sur la TV, fronçant les sourcils à la recherche de seins. Puis il soupira tragiquement et reprit le joint, tirant à nouveau dessus.
« Hé, c'est quoi ça? » Tom pointa le mur où il y avait une cible accrochée.
« Fléchettes » répondit simplement Gustav. Quand Andreas, Bill et Tom se tournèrent vers lui pour le regarder comme s'il était fou, il haussa les épaules et répondit aussitôt « C'est plutôt marrant quand t'as rien d'autre à faire. »
« Tu les gardes où les fléchettes? » dit Tom, se levant. Bill avait été pratiquement assis sur ses genoux et il tomba par terre, l'air extrêmement déçu.
« Tom, t'es trop maladroit » soupira Bill, levant les yeux au ciel et croisant ses bras.
« En fait, je crois que Tom a peut-être trouvé un truc... » Andreas haussa ses sourcils blonds quasi-invisibles tout en se relevant. Il connaissait la chambre de Georg et Gustav mieux que la sienne, vu qu'il passait la majorité de son temps à se défoncer ici, et il ouvrit rapidement la porte du placard et en ressortit une petite boîte pleine de fléchettes.
Tom prit une fléchette sans un mot et se mit face à la cible. Il ferma un œil et visa consciencieusement avant de tirer. La fléchette atterrit directement au centre. Bill était juste légèrement impressionné. Il aurait été plus intéressé si Tom l'avait planté à la place de cette stupide cible rouge et blanche. Bill, soudainement très frustré sexuellement, se tourna vers Georg qui était appuyé contre le lit, un air béat sur le visage, continuant à fumer en paix.
« Donne-moi ça » lança Bill, attrapant le joint. Il le plaça dans sa bouche et prit une longue taffe, en ressentant immédiatement les effets. Il poussa un petit gémissement et s'affala, se sentant très détendu.
« Aaaww! » chouina Georg quand il comprit que Bill n'allait pas lui rendre le joint avant un petit moment. Il ronchonna et se mit debout, arrachant une fléchette des mains d'Andreas. Il bougea sa main d'avant en arrière, levant la fléchette et puis la lança. Il l'avait lancée dans la direction opposée à celle de la cible et elle heurta la nuque de Tom.
« Hey! » Tom, qui n'était pas défoncé, massa sa nuque blessée tout en faisant un doigt à Georg.
« Hé! J'ai une idée » dit Andreas en tapant des mains. « Jouons à un 'strip fléchettes'! »
« ...Strip fléchettes, » répéta Gustav d'un air incrédule.
« Ouais! À chaque fois que tu rates, tu te déshabilles! C'est comme le strip poker... mais sans cartes. Ou sans vraiment de règles. » Andreas se gratta la tête en souriant. Dans son petit monde, le jeu était parfaitement clair. C'était à vrai dire un miracle qu'il soit premier de l'école.
« C'est pas con. » Bill se releva et marcha d'un pas nonchalant, le joint pendant entre ses doigts manucurés. « J'vais jouer » dit-il d'un sourire niais. Pour lui, tout ce qui incluait du strip-tease était parfait. Sans un mot de plus, il posa délicatement le joint sur la table et prit une fléchette. Il visa précautionneusement puis la lança. La fléchette tapa contre le mur à côté de la cible, la pointe y laissant une trace blanche sur la peinture. Il haussa les épaules, continuant de minauder et enleva sa veste d'uniforme.
« A ton tour, Tom » Andreas tandis la boîte de fléchettes à l'adolescent dreadlocké.
Tom leva les yeux au ciel, pensant encore que c'était le jeu le plus stupide n'ayant jamais été inventé. Il lança la fléchette, gagnant à nouveau.
« T'es pas drôle » Georg lança une fléchette. Il n'avait clairement même pas essayé de viser la cible car la fléchette frappa le visage de Gustav. Le petit blond suffoqua, bouche-bée.
« Espèce d'imbécile, t'as failli me crever un œil! » rugit-il, son habituel calme et comportement cool ayant soudainement disparus. « Ne laissez plus Georg jouer » dit Gustav en colère, se massant le front.
Georg pleurnicha, l'air un peu pathétique. Néanmoins, il continuait de penser qu'il jouait et il enleva sa cravate parce que, bien sûr, il avait perdu.
« A moi! » cria Andreas d'un ton enjoué. Il lança une fléchette et celle-ci atterrit dans les cheveux de Bill, restant coincée dans l'énorme touffe pleine de laque. Personne ne semblait l'avoir remarqué. Andreas cligna plusieurs fois des yeux, confus, examinant la chambre du regard pour trouver où la fléchette était partie. « O-où elle est?! » Il commençait à hyper ventiler. Il se tordait les mains et continuait à tourner sa tête violemment de gauche à droite à la recherche de la fléchette rouge.
« Elle est partie » dit Bill, roulant des yeux. Il ne savait absolument pas, lui non plus, que le jouet rouge en question était sur sa tête. « Passe à autre chose. Et déshabille-toi; oublies pas les règles. »
Andreas avait l'air d'être sur le point de pleurer mais il s'accomplit, débouclant sa ceinture avant de baisser son pantalon noir, en sortant ses pieds. Puis il accrocha ses doigts à la bordure de son boxer, prêt à l'enlever aussi.
« Wow, wow! » Tom leva une main, stoppant les gestes d'Andreas. Le blond leva la tête, déconcerté, les yeux injectés de sang. Tom regarda son entrejambe qui était encore, heureusement, cachée. « Garde ça sur toi; tu n'as raté qu'un lancé, pas trois! »
« Oh... » Andreas cligna des yeux plusieurs fois avant de remettre son pantalon et de reboucler sa ceinture. Tom soupira, secouant la tête.
« Je réessaye » dit Bill. Il plongea sa main dans la boîte à fléchettes et en sortit environ trois ou quatre. Il les lança toutes en même temps, ratant les quatre. Il gloussa, poussa un innocent « Oups », avant de commencer à enlever sa chemise blanche, sa cravate noire, sa ceinture noire et son pantalon noir. Il leva les yeux vers Tom pour être sûr qu'il le regardait. Tom était effectivement en train de l'observer attentivement et il avalait difficilement sa salive devant les mouvements sensuels de Bill. Celui-ci défit lentement chaque bouton de sa chemise, ses doigts glissant le long de son torse avant qu'il ne défasse sa cravate d'un seul et rapide mouvement. Il lécha ses lèvres et la lança à Tom avant de commencer à enlever son pantalon.
Tom rattrapa la cravate et continua de regarder le strip-tease de Bill. Ce dernier portait un boxer noir très, très moulant qui arrivait en dessous de ses hanches, ce qui donnait à la chambre une bonne vue de sa taille saillante et du célèbre tatouage en étoile. Les yeux de Tom étaient scotchés à l'entrejambe de Bill où l'ont pouvait voir une bosse sous son boxer. Il avala sa salive, ses yeux rencontrant ceux de Bill qui le regardait avec un air de prédateur, souriant.
Tom regarda ailleurs, le visage rouge. Il ne savait pas ce qui le rendait si dominable auprès de Bill, mais il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas être traité comme le petit singe de Bill et refusait de se laisser séduire si facilement. Après tout, il avait baisé Bill l'autre soir à cause de quelques mots, et ça avait été assez humiliant.
Bill remarqua qu'il n'avait plus l'attention de Tom et il se fit du souci, se mettant immédiatement à genoux et il rampa jusqu'à l'autre garçon. Il avait la gorge serrée et extrêmement sèche, il enroula ses bras autour des jambes de Tom et il frotta sa tête contre sa taille.
« Tomi, ramène-moi à la maison » gémit-il, frottant à présent son visage contre l'aine de Tom. Tom sursauta et se recula presque, il baissa les yeux vers Bill d'un air confus et perplexe.
« Tu veux dire dans notre dortoir? » Il sourit, ses doigts de pieds se courbant dans ses chaussettes alors que la chaleur commençait à déferler dans son corps. Il mâchonna son piercing, regardant la tête de Bill se frotter contre son début d'érection. Il haussa légèrement les sourcils quand il remarqua que la fléchette rouge était encore dans les cheveux de Bill. Il sourit, clairement amusé mais ne le releva pas.
« Qu'importe » marmonna Bill. Il tourna sa tête sur le côté et pressa ses lèvres contre les hanches de Tom. Il fronça les sourcils, réalisant enfin que pendant toute la durée du jeu, Tom n'avait en fait enlevé aucun vêtement. Il se leva lentement, ses mains s'accrochèrent aux épaules de l'autre garçon et ses genoux pointèrent vers l'avant car son corps était trop mou pour le maintenir debout. « Tu vas me faire l'amour? » demanda-t-il presque silencieusement, enfouissant sa tête dans le creux du cou de Tom.
« Pas quand tu es défoncé » Tom frissonna au contact du nez de Bill contre sa pomme d'Adam. Il posa ses mains autour de Bill et leva les yeux pour voir ce que faisaient les trois autres garçons.
Georg était complètement défoncé et sanglotait devant quelque chose qu'il venait de voir à la TV. Andreas examinait la pièce, cherchant encore la fléchette disparue et Gustav était assis en tailleur sur le lit, fulminant encore à cause de la fléchette qui avait blessé son œil.
Et Bill léchait à présent la gorge de Tom de haut en bas d'un air absent, poussant des petits gémissements gourmands. Tom grogna, embarrassé d'être aussi excité, et annonça rapidement aux autres garçons qu'ils devaient y aller et retourner dans leur dortoir.
Par chance, la 12A était à seulement deux portes et Tom n'aurait pas de problèmes pour y rentrer, pousser Bill sur le lit et le baiser comme ça. Enfin, seulement s'il pouvait retrouver la clef.
« Merde » maugréa-t-il, passant ses mains dans chacune de ses poches. Il fixa la porte, poussant quelques jurons alors qu'il ne réalise que la clef était dans son sac, il avait jeté son sac dans la chambre avant de partir dans celle de Georg et Gustav avec Bill. « Putain! Bill, on est enfermés dehors » dit Tom, secouant la tête contre sa propre idiotie.
« Oh... » dit Bill, fronçant légèrement les sourcils. Il était quasiment nu, ne portant rien d'autre qu'un boxer noir et arborant à présent une belle érection. Il avait laissé ses vêtements dans la 14A avec les trois garçons. « Bien... On fait comment pour rentrer? » Il pencha sa tête sur le côté.
Tom frappa son poing contre la porte. Il était frustré, et bordel, son sexe lui faisait vraiment mal à cause de son pantalon noir et il avait été sur le point de baiser Bill encore et encore. Mais maintenant il ne pouvait plus; tout ça à cause d'une stupide petite clef.
« On doit aller au bâtiment administratif » soupira Tom. « Et donc voir Jost. »
« Ooooh, David, il est gentil, il va nous aider! » haleta Bill. Il tourna sa tête sur le côté et cria, « DAVID! »
Tom poussa un juron et posa une de ses mains contre la bouche de Bill, l'obligeant à se taire. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent et il secoua violemment sa tête, essayant de se libérer. Tom maintint sa main mais Bill continua à secouer la tête, clairement incapable de penser correctement. À cause de son grotesque secouage de tête, la petite fléchette rouge tomba au sol.
« Hé, regarde! » La bouche de Bill s'ouvrit en grand et il pointa le jouet, mettant immédiatement fin à ses gestes d'hyperactif. « C'est sorti de nulle part! »
Tom leva les yeux au ciel. Il regarda la fléchette rouge reposant innocemment sur le tapis. Puis il cligna des yeux, examinant sa forme. Le plastique rouge et lisse se terminait avec une petite pointe en argent. Le bout était fin, assez fin pour rentrer dans une serrure...
Il sourit et se pencha en avant, attrapant la fléchette. Il rentra la petite pointe dans la serrure et la tourna d'un sens et dans l'autre plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il entende enfin le clic de déverrouillage. Il poussa un petit cri de victoire et ouvrit la porte. Bill applaudit puis le suivit à l'intérieur, passant ses bras autour de sa taille.
« Tomi, tu l'as fait » souffla Bill. « Tu m'as sauvé! »
Tom roula des yeux, entièrement conscient du fait que Bill était encore défoncé. Bien sûr, Tom n'était pas non plus complètement en position de ses moyens à ce moment-là, toute cette fumée lui avait légèrement fait tourner la tête. Bill frottait sa tête contre le dos de Tom et l'action était plutôt mignonne, presque. C'était sympa de voir Bill comme ça – ne rabâchant pas à tord et à travers qu'il était riche et mieux que quiconque pour une fois. Là, Bill ne montrait rien d'autre que de la pure affection, et cela faisait papillonner le ventre de Tom.
Tom soupira et décrocha gentiment Bill de lui, le poussant vers son lit. Il savait que Bill n'était pas en condition de grimper à la couchette supérieure alors il le dirigea vers son propre lit et passa une couverture sur lui. Bill ferma les yeux et soupira doucement, s'endormant. Tom vit une bosse sous les draps et lui-même était encore dur. Il siffla entre ses dents et marcha d'un pas lent et silencieux vers la porte afin de pouvoir aller aux toilettes et se soulager.
Il ouvrit la porte et tomba nez-à-nez avec David, le point levé, prêt à toquer.
« Tom, bon timing! » sourit David.
Tom se racla la gorge, gigotant un peu et priant pour que David ne regarde pas en bas et voit son érection.
« Quoi de neuf? » croassa-t-il.
Le sourire de David s'estompa et il croisa les bras. « Tom, toi et Bill avez manqué la colle d'aujourd'hui. Je crois que Bushido vous a dit de venir en colle dans mon bureau chaque fin de semaine pendant deux semaines. Et ça inclut le premier vendredi de chaque mois. »
Tom le regardait, se demandant comment se faisait-il que David en sache autant.
« Enfin, comme vous avez manqué aujourd'hui, vous viendrez demain dans mon bureau à neuf heures du matin, précises. Si vous ne venez pas, vous serez renvoyés, compris? » ajouta sévèrement David.
« Oui, monsieur » grommela Tom.
« Bien. Reste en dehors des problèmes, ok? » David tapota l'épaule de Tom et partit.
Tom grogna à l'idée d'avoir une colle un samedi matin. Tout ça était de la faute de Bill – si cette stupide petite diva ne l'avait pas entraîné avec lui, ils n'auraient pas raté la colle d'aujourd'hui et auraient eu leur week-end entier pour se défoncer ou baiser ou quoique ce soit d'autre qu'ils auraient foutrement apprécié.
Tom se retourna, prêt à sermonner méchamment Bill mais il se stoppa quand il vit Bill assoupi, en paix. Les cheveux de Bill reposaient sur l'oreiller, et ils étaient si sombres qu'on les aurait dits bleus. Ils contrastaient d'une belle façon avec sa peau blanche et crémeuse, ses cils papillonnaient de temps à autre. Sa bouche était légèrement ouverte, et il marmonnait occasionnellement, parlant trop doucement pour que l'autre garçon l'entende.
Tom l'observa quelques instants, conscient qu'une fois de plus, il était sous le contrôle de Bill – comment se pouvait-il que Bill le commande même quand il dormait si innocemment? Secouant la tête en signe d'interrogation, Tom grimpa le long de la petite échelle en bois du lit à étage et s'enroula dans les draps de Bill, respirant son odeur.