Après s'être fait crier dessus par un conseiller plus que mécontent pendant près d'une demi-heure, on autorisa Tom à retourner dans sa chambre. Se sentant comme un enfant que l'on venait de punir, il retourna au bâtiment Franck et traîna des pieds jusqu'à la chambre 12A, ignorant les regards, les chuchotements et les quelques commentaires atteignant ses oreilles.
Bushido lui avait dit qu'il devait discuter avec le directeur d'académie sur ce qu'il devait arriver par la suite, mais qu’il allait définitivement privilégier l’expulsion, ce qui était vraiment sympa de sa part.
Fermant la porte derrière lui, Tom ne remarqua la paire de bras qui l'enserrait que lorsqu'il entendit Bill renifler à son oreille. Il serra l'autre garçon en retour, instinctivement.
« Je devrais certainement commencer à faire mes valises » marmonna-t-il, la voix dépourvue d'émotion.
Bill baissa les bras, ses yeux brillants écarquillés. « Ça veut dire que...? »
« Pas officiellement » dit Tom. « Mais je ferais mieux. »
« Si tu pars, alors je pars aussi. »
« Bill, je n'ai pas le choix là. »
« De mon point de vue, moi non plus. Tu crois que je peux rester ici alors que tout le monde pense que je suis une pute? Fait chier! » Bill était vulgaire et paniqué. « Où que tu ailles, j'y vais aussi. De toute façon, ma mère veut me transférer ailleurs, tu te rappelles? »
« Je vais probablement aller à l'école militaire. »
Bill ne sembla pas intimidé. « Au moins nous servirons notre pays. » C'était une blague, une pourrie certes, mais elle sembla mettre Tom en colère.
« Nous savons tous les deux que tu ne viendras pas vraiment avec moi. Arrête d'être ridicule... si tu veux m'aider, alors aide-moi à faire mes bagages. » Et sur ces mots, il se retourna et commença à fouiller dans l'armoire qu'ils partageaient, à la recherche de la valise avec laquelle il était venu à l'école. Ensuite, il commença à enlever ses vêtements des cintres, les jetant n'importe comment dans la valise. Il en était à la moitié quand il fut brutalement poussé par Bill, qui ressortait les vêtements et les remettait dans l'armoire.
« Qu'est-ce que tu fous? »
« J'accroche tes vêtements. »
« Sans blague, Sherlock. Pourquoi ranges-tu mes vêtements? »
« Parce que. »
Tom serra les dents. « Bill. »
Bill se retourna, une chemise à la main et cria presque : « Tu ne sais même pas encore si tu seras expulsé ou non! Arrête de te la jouer pauvre petit sans espoir et de ranger tes merdes! C'est vraiment d'un putain de pathétique. »
« Pathétique? Ce n'était pas pathétique quand j'ai poussé ce mec parce qu'il avait mis la main sur ton cul » gronda Tom.
« Je ne t'ai pas demandé de le faire! C'est entièrement ta faute. »
La bouche de Tom s'ouvrit, béate et il avança d'un pas, le visage s'assombrissant si vite que Bill eut la gorge serrée, les mains tremblantes alors qu'il continuait d'enlever les vêtements de la valise avec entêtement.
« Tu n'aurais peut-être pas dû prendre ces putains de photos. Et encore mieux, tu as été assez stupide pour laisser traîner ta caméra n'importe où! Ou alors c'était ma faute ça aussi? » dit Tom d'un ton étonnement calme.
« La ferme. »
Mais Tom n'en avait pas fini. « Tu ne vas pas t'excuser? Tu ne vas pas dire 'Hé Tom, je suis désolé d'avoir ruiné ta vie'? »
Bill rit amèrement, froissant une chemise dans ses mains. « J'ai ruiné ta vie? Et bien, tu sembles vraiment pressé de foutre le camp d'ici, connard! »
« C'est peut-être le cas! » cria Tom. « Ca serait sympa de partir loin de toi pour deux secondes – tu arrives à tout foutre en l'air juste parce que tu ne t'arrêtes jamais pour penser à ce que tu es en train de faire comme connerie. »
« Je t'emmerde! » hurla Bill en retour, enjambant la valise pour pousser violemment Tom. « Je te hais! Je ne vous supporte pas toi et ta façon de te la jouer pauvre petit malheureux! 'Wah, ma vie est foutue'. Bah bien fait, tu l'as mérité! » Il poussa à nouveau Tom, cette fois-ci contre le mur. Tom tremblait, le visage rouge, les mains en poings. Bill tremblait lui aussi et semblait être sur le point de pleurer. Tom le regardait méchamment, le front plissé.
Brusquement, Bill leva la main et gifla Tom. « Ne reste pas là comme ça! Dis quelque chose! » Il le gifla à nouveau. « Putain qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi?! »
« Arrêtes ça » dit haineusement Tom quand il se fit à nouveau claquer. « Bill! » Il attrapa la main de l'autre garçon et le repoussa. « Frappe-moi encore une fois... »
« Et quoi? » cria Bill. « T'es trop une chatte pour faire quoique ce soit! Tu m'as toujours traité comme une pauvre petite fille, comme si je ne pouvais pas rester debout par moi-même. Et regardes ce que tu as fait! Tu t'es fait expulser comme un idiot! »
« J'ai fait ça pour toi »
« On s'en fout! »
« Qu'est-ce que j'étais censé faire, putain?! Si je ne l'avais pas frappé, tu me l’aurais reproché à grand renfort de cris! Putain de merde, t'as raison. J'ai besoin de dégager d'ici. J'ai besoin de m'éloigner de toi. »
« Alors pars putain! Ça sera cool d'avoir la chambre pour moi tout seul. »
Tom secoua la tête, riant. Il toucha son visage là où il avait été frappé plusieurs fois – ça faisait un mal de chien. Il regarda Bill d'un oeil mauvais. « Je n'arrive pas à y croire. Tu n'as absolument pas changé. Tu es encore cette diva chiante et pourrie gâtée que tu étais quand je t'ai rencontré pour la première fois. »
Il regretta immédiatement ses paroles quand il vit Bill haleter, des larmes ruisselant sur ses joues. Tom était prêt à s'excuser, ramper – n'importe quoi pour que Bill le pardonne. Il se rapprocha et Bill lui envoya son poing dans la figure.
Tom le frappa en retour, par pur réflexe et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur quand Bill couina et posa une main sur sa bouche.
« Oh, putain. Bill, je suis tellement désolé! Bill, laisse-moi voir. »
Il enleva délicatement la main de Bill et jura; la lèvre de Bill saignait. Tom ne savait absolument pas quoi faire alors il fit la première chose qui lui vint à l'esprit; il attrapa Bill par la taille et le serra étroitement contre lui, se moquant d'avoir du sang partout sur sa chemise. Il se sentait comme la plus grosse pourriture de la terre alors que Bill commençait à pleurer doucement.
« Je suis désolé, Tomi » chuchota-t-il, à la surprise de l'autre. « Je suis désolé de t'avoir blessé. »
Tom rit sans joie, caressant doucement le dos de Bill en faisant des cercles. « Tu es marrant. C'est moi qui devrais m'excuser. »
« Non, je n'arrive pas à croire que j'ai pu dire ces choses. Tu sais que je ne veux pas que tu partes. Tu sais que je ne te déteste pas. Tu sais que je suis désolé d'avoir gâché ta vie. »
« Tu n'as pas gâché ma vie. Tu l'as sauvée – je ne sais pas ce que j'aurais fait si je ne t'avais pas rencontré. Tu ne sais vraiment pas à quel point tu comptes pour moi. Quand j'ai vu ce mec t'agresser, j'ai perdu mon sang froid. Et tu sais quoi? Je ne le regrette pas. Je le referais encore et encore. »
« Ne dis pas ça » renifla Bill, ses bras se resserrant autour de Tom. « Gros idiot. » Il enfouit son visage dans le cou de Tom et l'embrassa tendrement à cet endroit. « Je suis désolé » dit-il à nouveau.
« Moi aussi, je le suis. »
Bill expira en tremblotant et se recula, faisant un grand sourire à Tom. Il se mit soudainement à rire. « Oh mon dieu, ton visage. On a l'impression que tu viens de te prendre un coup de boule de Zidane. »
Tom rit avec engouement à cette pauvre blague et secoua la tête, tapotant sa joue douloureuse. « Tu n'es pas mieux. »
« Ouais, bon. » Bill haussa les épaules. « Les garçons resteront toujours des garçons, pas vrai? »
« Ne fais pas semblant d'être un garçon » dit Tom d'un ton taquin.
« Hey! Tu sais plutôt bien que je suis un garçon. » Bill le tapa joueusement sur l'épaule, tirant la langue. Tom se pencha en avant et l'attrapa soudainement, le rapprochant pour un baiser. Bill haleta lorsque la langue de Tom bougea contre la coupure sur sa lèvre, léchant le sang. « Tom! »
« Tu sais ce qu'on devrait faire? »
« Mmm? » Bill enroula ses bras autour de son cou, l'embrassant tendrement sur la joue.
« Salir et foutre en l'air la chambre. C'est pas comme si on allait rester ici, non? »
« C'est... une bonne idée. Est-ce que je peux faire une suggestion? »
« Tu peux. »
« Allons foutre en l'air le lit d'abord » dit Bill, faussement timide en battant des cils.
« Ça me plait » murmura Tom. « Ok, lève-toi. La couchette du haut d'abord. On s'occupera du bas après. »
Bill gloussa et poussa un petit cri quand Tom attrapa ses fesses. Riant joyeusement, il se jeta pratiquement sur la petite échelle en bois et avant même de s'en rendre compte, Tom était déjà là-haut avec lui, le pressant contre le matelas.
Aucun des deux ne paya attention aux craquements sourds du matelas. Tom se frottait contre Bill, mordillant son cou pour ensuite descendre sur son torse, enlevant impatiemment sa chemise. Bill haleta et enfouit ses doigts dans les dreadlocks de Tom, soulevant son bassin quand il sentit le sexe de Tom se durcir contre sa cuisse.
Il y eut littéralement un bang quand la couchette supérieure s'effondra sous le poids des deux garçons. Bill cria et s'accrocha à Tom, enroulant ses membres autour de lui pour se protéger.
« Putain qu'est-ce que c'était?! »
« Hm.. on a vraiment foutu le lit en l'air. »
Bill s'assit, incrédule. En effet, ils ne regardaient plus la chambre du haut. Le sommier du lit supérieur avait rendu l'âme sous leur poids et leurs mouvements rapides. Tom cligna lentement des yeux, réalisant qu'ils n'avaient presque jamais dormit sur le lit du haut – toujours celui du bas.
Il y eut un battement de cil contre ça joue, puis une bouche sur la sienne et l'attention de Tom fut à nouveau accaparée. Il ne put s'empêcher de rire dans la bouche de Bill – apparemment rien ne le décourageait quand il s'agissait de sexe.
Bill laissa échapper un petit couinement de frustration quand il y eut une série de coups à la porte.
« Tom, Bill! Qu'est-ce que c'était, bordel? »
« Putain! » grogna Bill, attrapant un oreiller qu'il posa sur sa tête tandis que Tom se levait.
Il ouvrit la porte, prêt à dire à qui que ce fut de dégager. Mais la personne qui se tenait devant la porte était un David les yeux écarquillés. Se rendant compte qu'il était encore dur, Tom attrapa le premier objet qu'il trouva – un cahier de physique – et le mit nonchalamment devant son bas ventre.
« Est-ce que vous allez bien les garçons? » David jeta un coup d'oeil dans la chambre et laissa échapper un petit bruit d'horreur quand il repéra le lit cassé. Il jeta un coup d'oeil au visage de Tom et devint blanc quand il vit le bleu sur sa joue. « Qu'est-ce qui se passe ici? Bill, sors de ce lit! Bon dieu, et si un de vous avez été dans la couchette inférieure?! »
« Ne vous inquiétez pas pour ça » cracha Bill. « Bon, le lit est cassé, gros problème. Pourrions-nous avoir s'il vous plait de l'intimité? »
David devint rouge et plissa les yeux en regardant Bill avant de se retourner pour regarder Tom. « Je pensais simplement que tu voudrais savoir que tu n'as pas été expulsé. »
« Quoi?! » s'écrièrent les deux garçons. Bill s'extirpa du lit et vint aux côtés de Tom, qui avait la bouche grande ouverte.
« Bushido et moi même avons expliqué la situation au directeur. Techniquement, Marc et toi pouviez être tous les deux expulsés mais vous avez tous les deux étaient suspendus. Deux semaines. »
« Je ne suis pas... renvoyé? » demanda sceptiquement Tom.
« Tu as de la chance. Le directeur croit aux secondes chances – très généreux de sa part, surtout vu le passé avec lequel tu es arrivé à l'école. Enfin, tu es sur une pente glissante maintenant. Encore un seul faux pas et tu n'es plus ici. Pour de bon. »
Tom ne savait pas quoi dire. Il n'était pas entièrement sûr de vouloir rester. Il lança un coup d'oeil de côté à Bill, qui lui souriait et décida que finalement, ça ne serait pas trop affreux. Ses lèvres se transformèrent en sourire et il se jeta sur David pour le serrer dans ses bras.
David lui tapota le dos avec hésitation avant de s'éloigner en s'éclaircissant la gorge. « On ne veut pas de plainte d'harcèlement sexuel à présent, n'est-ce pas? Au cas où... Tom, ton père ne peut pas venir te voir mais je te propose de lui passer un coup de fil. »
« Oui, monsieur. »
David hocha la tête avant de s'éloigner. Se penchant en avant, Bill ferma la porte et se jeta sur Tom. Celui-ci se rendit compte qu'il avait oublié de respirer – il prit une profonde inspiration et éclata de rire, s'accrochant à Bill en espérant qu'il n'allait pas se mettre à pleurer.
Bill se recula en grognant quand son portable, qui était posé sur le bureau, sonna bruyamment.
« Je te jure, l'univers est contre le fait que je m'envoie en l'air là » siffla-t-il, allant à contrecoeur vers son portable. « Quelqu'un m'a envoyé un message. » Il vit Tom se tendre du coin de l'oeil.
« Si quelqu'un t'as envoyé une de ces photos, je vais le tabasser. »
« Tu ferais mieux d'éviter » grogna Bill. « Pente glissante, tu te souviens? De plus, c'est un message texte d'un numéro inconnu. » Il haussa les sourcils à la lecture du message.
J'ai ton appareil photo. Retrouve-moi près de la clôture.
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Sam 13 Fév - 23:56