Chapitre 18

Bill courut vers la forêt éparse, arracha les aiguilles d'une branche de pin avant de retourner vers leur bonhomme de neige à Tom et lui, en courant.

« Voilà » dit-il en souriant de toutes ses dents et parsemant 'la tête' du bonhomme de neige des aiguilles, recréant les cheveux rasés et sombres de Bushido. « On dirait juste lui. »

Tom fit un pas en arrière et fronça les sourcils, plissant les yeux en essayant de voir le conseiller dans la masse de neige. Bien sûr, le bonhomme de neige avait un visage renfrogné, grâce à quelques cailloux savamment placés et il avait une légère coupure aux sourcils, et des grosses pierres noires en guise d'yeux. Et maintenant qu'il avait une Mohawk, le conseiller était immortalisé dans son entier. Ou pas.

Surtout quand Georg, qui s'était disputé avec Gustav fut poussé en arrière par ce dernier et tomba directement dans le Bushido de neige.

« Putain! Georg! » hurla Bill, pâlissant en voyant leur travail ruiné. « Espèce de couillon, tu sais combien de temps ça nous a pris de le faire?! »

Georg s'assit, grognant en secouant ses longs cheveux châtains, envoyant de la neige partout. « Mon cul que ça a prit du temps! Vous avez fait ça en dix minutes, refaite-le! »

« Imbécile! » cria Bill, plongeant sur lui. Il aurait probablement frappé Georg si Tom ne l'avait pas attrapé par les bras et éloigné à la dernière seconde.

« Ne soit pas si violent » Tom leva les yeux au ciel. « Il a raison; ça a pris genre dix minutes! »

Bill fit la moue et croisa les bras, détournant immaturément le regard. Tom soupira et commença à rassembler à nouveau la neige.

« J'en ai marre de faire ça » siffla Bill. « Je vais aller faire des anges dans la neige. »

« Bill » grogna Tom. « Tu ne peux pas quitter la compétition comme ça! Tu ne veux pas aller dans cette station de ski? »

Bill se retourna violemment. Sans un mot, il enfouit une main dans une de ses poches, en sortit son portefeuille avant d'en extirper sa carte bleue, l'agitant en l'air.

« J'achèterai une putain de chambre. Pas grave. »

Tom fronça les sourcils, le visage crispé. « Tu ne peux pas tout acheter dans ta vie. »

« Qui a dit que je ne pouvais pas? »

« Allez, Bill » Tom secoua la tête, reprenant son travail dans la neige. « Pour une fois dans ta vie, tu ne voudrais pas réellement gagner quelque chose? »

« Et pourquoi est-ce que je le voudrais? » demanda Bill, réellement confus. Il posa ses mains sur ses hanches, grognant à la non-réponse de Tom. Il leva les yeux au ciel, soupirant d'un air dramatique avant de tomber à genoux et amasser de la neige près de la pile.

Tom sourit.

Quelques minutes de silence passèrent, les deux garçons occupés à sculpter le corps du bonhomme de neige, les gants trempés.

« Est-ce qu'on peut quand même faire des anges dans la neige? » demanda doucement Bill, ne détournant pas les yeux de son travail.

Tom leva la tête vers lui et sourit en lui ébouriffant les cheveux, qui étaient parsemés de flocons. « Tu les aimes tant que ça? »

« J'sais pas... » marmonna Bill. « On devrait simplement faire un maximum de choses tant qu'on est ici. On est entourés de neige tu sais, et il y a un tas de trucs marrants qu'on pourrait faire. »

« Comme du patin à glace? » demanda Tom avec empressement.

Bill grimaça. « Je n'aime pas le patin à glace. Je tombe tout le temps. »

« Je te rattraperai. »

Bill le regarda et sourit. « Si tu promets de me rattraper, alors on peut aller en faire. »

« Je te le promets. »

**

« Ok tout le monde, c'est fini! » lança la voix aigüe de Gülcan. Tous les groupes s'arrêtèrent et se positionnèrent à côté de leur bonhomme de neige, attendant patiemment qu'on les évalue.

« Qu'est-ce que c'est censé être? » Bushido grimaça devant la création de Georg et Gustav.

« C'est un Gülcan de neige » répondit fièrement Georg.

«  Pardon?  » Le professeur ne semblait pas si content.

Gustav secoua la tête, soupirant. Georg et lui avaient été inspirés par la création de Tom et Bill représentant Bushido et avaient décidé de recréer un autre professeur. Ainsi, ils avaient mis de la paille sur le haut de leur sculpture pour rappeler les cheveux blonds de Gülcan, et des pierres pour dessiner son visage.

Et évidement, il y avait deux grosses boules de neige sur la poitrine du bonhomme, en l'honneur des célèbres seins de Gülcan.

« Et bien... ça a un certain... » commença Gülcan avec hésitation, essayant de chercher quelque chose de bien dans cette monstruosité. « Euh... Bushido? » Elle n'arrivait pas à réfléchir.

« Vous avez perdu » dit catégoriquement Bushido. Ignorant les regards déconfits des deux garçons, il continua son inspection jusqu'à s'arrêter devant Bill et Tom. « Bon, bon, bon. On dirait que le thème d'aujourd'hui était de représenter des membres de l'équipe. » Il lorgna son double, haussant un sourcil devant la précision de son apparence. Il était impressionné sans le vouloir, surtout en voyant que le visage du bonhomme avait été recouvert de saleté pour recréer son habituelle barbe.

« C'est Bushido! » glapit Gülcan, tapant des mains. « Comme il est mignon! »

« Je n'aurais pas dit 'mignon ' » marmonna Tom, détournant les yeux quand il rencontra ceux irrités et méchants de Bushido.

« Je pense qu'il est mignon! » pépia Bill. Il émit un petit gloussement quand Bushido le regarda à son tour.

« Merci les garçons » La blonde leur sourit. « Oh mon dieu, regardez celui-ci! » haleta-t-elle, pointant du doigt.

Les trois garçons se retournèrent et trois paires de sourcils se haussèrent.

« J'espère que je ne suis pas trop en retard pour entrer en compétition » dit piteusement Andreas, frottant sa nuque. Il semblait s'être réveillé tard à la vue de ses cheveux ébouriffés et ses vêtements froissés. Il était arrivé il y avait peu et s'était immédiatement mis au boulot, ne cherchant même pas à trouver un partenaire.

Ce qui était remarquable était la création à ses côtés. C'est un magnifique bonhomme de neige, de la même taille que lui et il avait un visage souriant. Encore mieux, sa tête était couverte de longues aiguilles noires, représentant de longs cheveux hérissés.

C'était une réplique de Bill.

« Andi! » souffla Bill, s'approchant lentement du bonhomme et posant une main dessus. Il resta bouche bée devant le blond, abasourdi. « Tu as fait ça?! »

« Ouais » rougit Andreas, fixant ses pieds. « C'est... une sorte d'excuse. »

« Personne ne s'est jamais excusé auprès de moi en me faisant un bonhomme de neige » marmonna Bill, devant reconnaître la créativité de l'autre garçon.

« Des excuses? Pour quoi? » Tom se tenait derrière Bill, plissant les yeux de suspicion. « Est-ce qu'il t'a fait quelque chose Bill? »

Bill s'humidifia les lèvres, ses yeux rencontrant ceux d'Andreas. Il savait que s'il le disait à Tom, celui-ci n'hésiterait pas à tabasser le blond. Mais il ne voulait pas voir Andreas se faire tabasser.

« Il n'a rien fait » dit rapidement Bill. « Rien qui ne mérite des excuses. »

Andreas sembla infiniment soulagé, quoique légèrement confus.

« Je pense que nous avons un gagnant! » Les interrompit Gülcan, s'approchant d'eux et collant une gommette rouge sur la joue d'Andreas. Le blond grimaça, levant les yeux au ciel en essayant de la décoller. « Mais, le prix est pour deux techniquement, alors y-a-t'il quelqu'un que tu voudrais emmener? »

Andreas regarda instantanément Bill, dont la bouche s'ouvrit.

« Je ne peux pas » dit rapidement le brun, enroulant ses bras autour de lui-même. « C'est bon, tu peux prendre quelqu'un d'autre. »

« Bill, tu peux y aller » dit Tom.

« Non, je ne devrais pas te laisser tout seul ici... »

« Tu voulais vraiment ce prix » soupira Tom, serrant la main de Bill d'une façon rassurante. « J'irai bien, c'est seulement une nuit. »

« Tomi, et si je nous prenais une suite? » dit Bill d'un ton humble, se rapprochant d'un pas.

« Tu n'a pas à dépenser ton argent » soupira Tom, appuyant son front contre celui de Bill. « Vas-y. Amuse toi, ok? Et raconte-moi tout sur ce bain à remous. »

Bill fit légèrement la moue mais sentit un élancement dans sa nuque, qui était surement dû à toutes ces nuits qu'il avait passé à dormir par terre. Passer une nuit dans un hôtel très cher, un qui avait une baignoire dans la neige, semblait trop appétissant pour l'ignorer.

« Ok » souffla-t-il, caressant doucement la joue de Tom avant de déposer un petit bisou sur son nez.

Andreas les regardait, le visage vide de toute expression.

**


Bill accepta la flûte de champagne sans un mot et frissonna en s'enfonçant dans l'eau bouillonnante. Sa peau fut comme ébouillantée pendant un moment mais la chaleur finit par apaiser ses muscles douloureux et il gémit quand les nœuds de ses épaules semblèrent disparaître.

« Ça te plait? » Andreas sourit en glissant dans l'eau, en face de Bill.

« C'est bien » marmonna Bill, ne regardant pas le blond. Il se sentait mal d'être ici. La vue était géniale, l'eau était géniale, la suite était géniale mais quand Tom n'était pas là, rien n'était génial. Il se mordit les lèvres et pensa à Tom, dormant sur le sol dur et froid et son cœur se serra.

« Alors, toi et Tom » commença maladroitement Andreas après s'être éclairci la gorge. « Tu crois vraiment que tu es sérieux? »

« Pourquoi je ne le serais pas? » toussota Bill, vidant la moitié de son verre en une gorgée.

« Tu n'a jamais été sérieux à propos de quelque chose avant, Bill. »

« Tu te fous de moi?! » s'exclama méchamment Bill. « Quand nous étions ensemble, je n'ai même pas regardé quelqu'un d'autre! »

« Qu'est-ce que tu veux dire par 'ensemble'? » Le blond plissa les sourcils. « On couchait ensemble, on n’était pas ensemble / »

Bill bougea et regarda ailleurs. « Je croyais qu'on l'était » murmura-t-il. « Pourquoi crois-tu que j'ai été aussi peu content quand ils m'ont forcé à changer de chambre? Et toi tu es juste resté là, tu n'as rien dit. »

« Putain » Andreas rougit avec culpabilité. « Je suis désolé. »

Bill soupira, fermant les yeux et s'enfonçant plus profondément dans l'eau. « C'est du passé maintenant. Alors n'essaye pas d'encore foutre la merde. »

« Mais et si j'en ai envie? »

Bill ouvrit subitement un œil et lui lança un regard mauvais. « N'essaye même pas. »

« Tu ne crois pas que tu pourrais me donner une autre chance? » demanda Andreas à voix basse. Il se rapprochait de plus en plus de l'autre garçon et Bill pouvait sentir sa respiration contre son cou.

« Tu n'es même pas gay! » grogna Bill, s'éloignant de lui. « Tu sais de quoi tu as besoin? D'une chatte humide et cool. Pourquoi tu ne retournes pas près de Mädchen? »

Andreas sourit tristement. « Personne ne peut vraiment rivaliser avec toi. »

Bill secoua la tête. « Tu as eu ta chance. Franchement, je préférerai plutôt coucher avec Bushido. »

Le blond grimaça, sentant son égo se briser en deux. « Aie. Il est... assez vieux pour être ton père. »

« Il n'est pas si vieux » s'écria Bill avec exaspération.

Andreas fixa l'eau bouillonnante, posant ses mains au fond de la baignoire. « Merde. Et bien, si toi et Tom ça ne marche pas... »

Bill ignora ce commentaire et regarda ailleurs, plissant les yeux devant la blancheur du paysage qui les entourait. Il devait avouer que la personne qui avait eu l'idée de mettre un bain à remous en plein milieux d'un balcon enneigé avait été plutôt intelligente. Une brise fraiche caressait ses épaules, et quand il avait trop froid, il n'avait qu'à se re-glisser dans l'eau.

La mention de Tom fit apparaître de la chair de poule le long de sa peau, même s'il était recouvert d'eau jusqu'aux épaules. Il ferma les yeux et se laissa entièrement glisser, pliant les genoux de façon à ce que son long corps soit entièrement sous l'eau pendant quelques secondes. Retenant sa respiration, Bill s'arrêta de bouger, regardant les bulles, la vision obscurcie et pensa à Tom. Il avait été égoïste de venir ici et il se sentait encore plus mal en se rappelant comment Tom avait durement travaillé sur le bonhomme de neige pour finalement perdre contre Andreas.

« Bill... » Andreas plissa les yeux, espérant que le brun ne s'était pas noyé. Quand il ouvrit à nouveau la bouche, le brun réapparu et, haletant, il se leva, frissonnant alors que l'air froid frappait son corps.

« On se voit plus tard » dit Bill, lui lançant seulement un regard et il passa du balcon à la suite. Il enleva son maillot de bain et enroula lâchement une serviette autour de sa taille, farfouillant dans sa valise à la recherche de quelque chose à porter.

« Tu t'en vas? » Andreas était aussi dans la chambre, recroquevillé pour se garder au chaud.

« Ouaip » dit joyeusement Bill. Une fois habillé, il ne se soucia pas de ses cheveux encore trempés. Il bondit pratiquement en dehors de l'hôtel, trop pressé de revoir Tom.

**

Tom fut réveillé au milieu de la nuit par plusieurs gouttes lui tombant sur le visage. Grognant et essuyant l'eau, il ouvrit les yeux, à peine capable de voir quoique ce soit. La cheminée était encore faiblement allumée et il pouvait seulement distinguer Bill, penché au-dessus de lui.

« Tomi, super, tu es réveillé! »

« Grâce à toi » grommela Tom, se relevant sur les coudes. Il jeta un coup d'œil aux autres garçons endormis avant de loucher sur Bill. « Pourquoi es-tu revenu? Merde, pourquoi es-tu trempé? Tu vas encore être malade! »

Grognant, il s'extirpa de son sac de couchage et entraîna Bill dans la salle de bain, attrapant une serviette pour l'enrouler autour de sa tête. Il frotta rapidement la serviette contre le cuir chevelu de l'autre garçon, séchant presque violemment ses cheveux.

« Ow » gémit Bill une fois la serviette éloignée de lui. Il prit un air renfrogné, tirant sur ses mèches à présent humides. « C'était du rapide. »

Tom sourit, sortant une serviette propre pour l'accrocher autour du cou de Bill. « Quand j'étais petit, ma mère me séchait toujours les cheveux comme ça. »

« Avant que tu n'aies ça? » Bill tira malicieusement une dreadlock. « Tu sais, je crois que je ne t'ai jamais entendu parler de ta mère. »

« Elle est morte » répondit simplement Tom, frottant à présent la serviette contre son cou. « Tu as des cheveux qui ont gelé, tu sais. Là, mets-les sous l'eau. » Il tourna le robinet et laissa sa main en-dessous un moment avant de la ramener sur les mèches noires de Bill. Il serra les cheveux glacés, les faisant rouler entre ses doigts.

« Elle est morte? » Bill fronça les sourcils, regardant attentivement le visage de Tom. « Je suis désolé. »

« C'était il y a longtemps » répondit Tom à voix basse, se concentrant sur un autre paquet de cheveux. « Je crois que c'est à partir de là que mon père a arrêté d'aller au boulot pour de vrai. Mais, tu ne devrais pas laisser tes cheveux humides trop longtemps, tu pourrais être à nouveau malade. »

« Et qui dit ça? »

« Ma mère disait toujours ça. »

Bill arrêta de se soucier de la tendresse dans la voix de Tom et continua de grimacer à chaque fois que ses cheveux délicats étaient tirés. Mais il savait que Tom lui faisait mal seulement par inquiétude et il posa une main sur sa taille, lui souriant.

« Il nous reste seulement quelques jours à passer ici » soupira Bill, jetant un coup d'œil à la fenêtre. La neige continuait de tomber. « On n'a pas fait grand chose. »

« C'est bon. Je crois qu'on s'est beaucoup amusés. J'ai de très bons souvenirs dans cette salle de bain » Tom haussa les sourcils et observa la petite pièce, glissant discrètement une main sur le cul de Bill.

L'autre garçon gloussa et s'appuya contre lui, le poussant contre le lavabo. Souriant, Bill déposa un baiser insistant sur la bouche de Tom, les mains sur ses hanches. Tom mordilla sa lèvre inférieure et Bill ouvrit la bouche, caressant la langue de Tom de la sienne. Il gémit, glissant sa cuisse entre celles de Tom.

Tom poussa un lourd gémissement, son sexe se durcissant alors que la cuisse de Bill appuyait dessus. Avant qu'il ne puisse attraper Bill et le dévorer, le brun s'éloigna et le corps de Tom eut soudain froid, maintenant qu'il n'était plus pressé contre celui de Bill.

« Tu n'as pas dit que tu voulais aller faire du patin à glace? » minauda Bill.

Tom soupira, se forçant à contrôler son excitation. « Peut-être demain matin. »

« Pourquoi attendre? Allons-y tout de suite. »

« Il fait nuit, il neige et on a même pas de patins » dit sèchement Tom.

« T'es un vrai pessimiste. De cette façon, nous serons seuls, et on peut voler les patins des autres. »

« Vraiment? »

« Ils dorment. Je suis sûr que ça ne les dérangera pas. »

Tom sourit tandis que Bill glissait sa main dans la sienne et le guidait en dehors de la salle de bain. Ils arrivèrent assez facilement à trouver deux paires de patins en fouillant les sacs des autres et ils sortirent du chalet, essayant de ne pas exploser de rire.

Tom était soulagé que Bill ne lui ait pas proposé de lui acheter une paire de patins.

**

Bill poussa un cri joyeux alors qu'il glissait sur la glace. Il perdit l'équilibre et son souffle se coupa, il leva les bras en l'air. Une paire de mains s'accrocha autour de sa taille, le maintenant debout et Bill sourit, se détendant. Il regarda son épaule, où la joue de Tom reposait.

« Tu es vraiment maladroit, tu sais » marmonna le dreadlocké, gloussant quand le baiser de Bill tourna en un mordillement.

« Ne me lâche pas, ok? » tremblota Bill, posant ses mains sur celles de Tom. Ils glissaient lentement mais le vent continuait de passer sur lui taquinement, emmêlant ses cheveux. Il sentait des flocons fondre sur son visage et il eut un petit rire quand une langue chaude passa sur son cou, léchant quelques gouttes.

La neige se mélangeait d'une bonne façon avec la peau de Bill et Tom planta gentiment ses dents dans son cou, recevant un lourd sifflement de la part de l'autre garçon. Les mains sur la taille de Bill bougèrent lentement vers ses hanches et il les serra. Il réussit à glisser ses doigts sous la veste mince du brun et toucha sa peau douce, le taquinant. Bill ferma les yeux et s'appuya encore plus contre lui, soupirant.

« Je te lâche » murmura Tom, délaissant sa prise.

« Tomi! » cria Bill alors qu'il n'était pas seulement relâché mais aussi poussé en avant. Il chancela mais poussa un petit rire de victoire en réussissant à rester sur pieds. « Regarde! J'y arrive! »

« Bill, regarde devant toi! »

Bill regarda devant lui et hurla alors qu'il entrait dans un arbre. Tom grogna et patina vers lui. Le brun avait pile glissé en dehors du lac et était entré dans un arbre au bord de celui-ci. Il s'était ramassé bizarrement, un de ses pieds tordu dans un sens étrange.

« Ça fait mal » gémit-il, serrant les dents tandis que Tom l'emmenait loin de l'arbre et l'étendait dans la neige, penché au-dessus de lui. Il poussa un cri strident et sursauta quand Tom prit sa cheville.

« Bill » Tom poussa un bruit d'exaspération, secouant la tête.

« Quoi? » cracha Bill. « Putain, tout ça c'est ta faute! »

«  Ma faute? C'est toi qui voulais qu'on vienne ici en plein milieu de la nuit. »

« Arrête de râler et ramène-moi! » siffla Bill, sachant pertinemment que Tom avait entièrement raison. Mais il ne voulait cependant pas l'admettre.

« C'est toi qui râle » grommela Tom, enlevant ses patins et passant un bras sous les genoux de Bill. L'autre garçon accrocha ses bras autour de son cou et fut soulevé lentement. « Est-ce que tu as pris du poids? » Tom chancelait un peu alors qu'ils retournaient au chalet.

Bill le frappa.

**

Bill refusait de parler à quiconque. Il restait dans son lit, les bras croisés, les pieds sur une pile d'oreillers, et reniflait en regardant des vieux films de cow-boys; quelque chose qu'il avait apparemment hérité de Simone.

« Hé, Bill » Tom toqua à la porte deux fois avant de la pousser pour l'ouvrir et entra dans la pièce. « Je t'ai apporté de la glace. »

« Ha ha » Bill le fixa d'un œil mauvais.

« Comment va ta cheville? » Tom ignora son cynisme et s'assit sur le bord du lit, posant le bol de glace sur la table de nuit. Il posa prudemment une main sur le pied de Bill, par-dessus les couvertures et le pack de glace, et lui sourit.

« A quoi ça ressemble? » lança Bill en retour, clairement pas amusé. Il attrapa le bol de glace et commença instantanément à manger, ses yeux suivant l'action qui passait sur l'écran de télévision.

« Ça pourrait être pire » lui dit vaguement Tom, enlevant le pack de glace pour masser la cheville enflée. « Heureusement, tu ne t'aies rien cassé. »

Quelques minutes plus tard, alors que Bill ne répondait toujours pas, le dreadé releva la tête, surpris de voir les yeux de l'autre garçon brillants de larmes.

Avant qu'il ne puisse parler, Bill sanglota, « Putain je suis tellement énervé contre tout. On n'aurait jamais du venir ici; le voyage n'est que de la grosse merde et tu avais raison et je suis désolé. » Il attrapa une serviette et tamponna son visage. De la glace coulait le long de sa joue et il resta bouche bée, regardant le bol qui était à présent presque vide. « Espèce d'imbécile, qu'est-ce que tu essayes de faire?! »

Tom bougea la tête juste à temps pour esquiver le bol qui fut jeté sur lui. Il s'écrasa contre le mur, envoyant de la glace au cookie sur le tapis.

« C'est quoi ce bordel, Bill?! » Tom n'arrivait pas à y croire.

« Tu m'as dit que j'étais gros, et maintenant tu essayes de me rendre encore plus gros! » sanglota hystériquement Bill.

« Je n'ai jamais dit que tu étais gros » soupira Tom en s'accroupissant pour ramasser les morceaux les plus gros du bol, la plupart trempés de glace.

« Tu m'as demandé si j'avais pris du poids » renifla Bill.

« ... Je l'ai dit d'une façon aimante! Maintenant, il y a plus de toi à aimer. »

La réponse n'était clairement pas ce que Bill attendait. Hurlant, il lança la télécommande sur Tom, et cette fois-ci, l'adolescent dreadlocké sortit de la chambre, en riant.

**

« Comment va-t-il? » Gülcan surveillait Bill, à qui on avait donné une chambre à l'étage.

« Je crois que je l'ai énervé » chuchota Tom en retour. « Il n'ouvrira pas la porte. »

Professeurs et élèves se tenaient devant la porte fermée à clef. Ils pouvaient seulement entendre le son de tirs, venant clairement d'un autre film du marathon de West-Stern que se faisait Bill et occasionnellement quelques reniflements.

« Bon, nous partons dans deux jours. As-tu hâte de rentrer à l'école? »

« Trop hâte » répondit sèchement Tom. Il jeta un coup d'œil à sa tête blonde, remarquant une barrette. Quand elle lui dit bonne nuit et se retourna pour partir, il retira discrètement la barrette de ses cheveux et attendit qu'elle soit hors de vue pour l'enfoncer dans la serrure. Quelques tours et 'cliques' plus tard, il ouvrit la porte, entrant juste la tête pour être sûr que Bill n'était pas armé d'un vase ou autre.

« Va-t-en » lança Bill. Ses yeux étaient glués à la télévision, et il était assis dans le lit, exactement comme il y a quelques heures. La chambre était complètement dans le noir, la seule lumière provenant de l'écran.

Ses cheveux étaient légèrement emmêlés sur ses épaules, ses yeux n'étaient pas maquillés de leur habituel khôl et, même s'il était de mauvaise humeur, il était beau.

« Tu sais que je te taquinais, hein? » Tom s'assit à côté de lui sur le lit, enfouissant son visage dans le creux du cou de Bill. Il déposa des baisers le long de sa gorge. « Je ne pense pas que tu es gros. J'ai l'impression que je pourrais te casser comme une brindille. Tu fais paraître Paris Hilton obèse. »

Bill toussa. « Alors quoi, je suis trop maigre? »

« Tu es parfait. »

Bill se détendit et enroula un bras autour de la taille de Tom, se blottissant contre lui, les deux allongés sur le côté, ignorant le film qui continuait de défiler.

« Je suis vraiment désolé » souffla Bill au bout d'un moment.

« D'être venu ici? Arrête de t'inquiéter de ça. On part dans deux jours de toute façon. »

« Deux jours?! » s'exclama Bill. « J'ai gâché nos vacances d'hiver. Putain, je suis tellement désolé, Tomi. »

« Arrête de t'excuser » grogna Tom. « On s'en fout d'où on est; si tu es là, je sais que je passerai un bon moment. »

Bill ronronna, rougissant, et cacha son visage contre le torse de Tom. « Tu veux juste t'envoyer en l'air » marmonna-t-il.

« Je ne pensais même pas à ça » dit Tom, entièrement sincère. « Mais maintenant que tu en parles... »

Bill rit alors qu'il se faisait mettre sur le dos, l'autre garçon au-dessus de lui, souriant effrontément.

« Cette cheville ne rentrera pas en action, pas vrai? »