andis que Tom traînait leurs bagages, à Bill et lui, dans leur vieille et étroite chambre du bâtiment Franck, il ne put qu'admettre que l'école lui avait manqué. Deux semaines de vacances étaient passées et ils étaient de retour à l'académie. Bill se plaignait et grommelait, se demandant comment il allait pouvoir aller en cours avec son entorse et les yeux de Tom avaient faillit sortir de leurs orbites à cause du harcèlement constant qu’il subissait.
Alors qu'ils se préparaient pour leur premier cours le lendemain matin, enfilant leur uniforme noir, ils s'arrêtèrent lorsque deux coups solides furent frappés à la porte.
Tom l'ouvrit lentement, légèrement surpris de voir David Jost se tenant sur le pied de celle-ci, n'ayant pas l'air très content.
« Bonjour, Tom » dit-il d'un ton neutre. Il soupira. « Passé de bonnes vacances? »
« Oui, monsieur » dit nerveusement Tom, sentant que quelque chose allait mal. Bill apparut derrière son épaule, regardant curieusement le conseiller.
« Bon, avez-vous fait des heures d'intérêt? »
« Euh... » Tom jeta un coup d'œil à Bill, qui haussa les épaules.
« Vous avez soixante-quinze heures à faire. Chacun. »
« J'ai déjà fait quarante-cinq minutes » marmonna Tom. « Avec Bushido. »
« Alors il te reste encore près de soixante quatorze heures! » cria presque David. « Il y aura de sérieuses conséquences si vous ne finissez pas ces heures! »
Bill grimaça. David perdait rarement son sang-froid comme ça.
« Enfin » David semblait se calmer et poussa un profond soupir. « J'ai trouvé une excellente opportunité qui, avec un peu de chance, entamera profondément ces heures. »
« Et quelle activité ça serait? » demanda prudemment Tom, croisant les bras.
David tendit un bout de papier et Tom soupira, le prenant. Il haussa les sourcils alors qu'il le parcourait.
« Qu'est-ce que c'est? » demanda Bill.
« C'est...un match de football » dit lentement Tom. « Avec les filles de l'académie Mädchen. »
« C'est ça » acquiesça David, son habituel sourire réapparaissant. « Vous voyez, on essaye d'avoir un match co-académique chaque année. C'est fait pour s'amuser et c'est super pour récolter des dons, comme l'entrée est en général autour de cinq euros. Enfin bref, cette année, le nombre de garçons qui se sont inscrits était...pitoyable. »
« Vous voulez qu'on joue? » Bill était ébahi.
« Exactement! Je pense que vous serez utiles dans l'équipe. »
« Juste, quand est le match? » demanda Tom, plissant des yeux.
« Début janvier, de façon à ce que vous ayez le temps de vous entraîner. »
« Il ne fait pas... froid en janvier? » siffla Bill. « De plus, je ne peux absolument pas jouer. Je n'ai pas été fait pour faire du sport. Je suis simplement trop fragile. »
David et Tom levèrent simultanément les yeux au ciel.
« Toutes les heures d'entraînement compteront comme des heures d'intérêt » ajouta David. « Du moment que vous jouez le jour du match, alors je suis sûr que vous pouvez finir vos soixante quinze heures. »
« Je vais le faire » grommela Tom. Il ne voulait vraiment pas faire quelque chose d'autre pour Bushido.
« Génial! Et toi Bill? »
Le brun se recula légèrement. Il ne voulait pas jouer au foot dans le froid, être recouvert de boue et porter un uniforme hideux. « Je ne peux pas jouer » dit-il simplement, soupirant comme s'il en était désolé. « Je vais trouver une autre façon de faire ces heures. »
« Bill, allez » rit Tom. « C'est contre un groupe de filles, comment ça pourrait être dur? »
Bill le fixa d'un regard mauvais. « Je ne veux pas jouer. »
David l'ignora. Il savait que tôt ou tard, l'adolescent borné changerait d'avis grâce à son petit ami. « Je vais vous inscrire! » dit-il joyeusement. Il regarda sa montre. « Maintenant, allez en cours! »
**
Bill était trop énervé pour se confronter à Tom au sujet du foot. Il avait grommelé tout le long du chemin vers la salle de physique et se laissa tomber sur sa chaise, boudant et refusant de parler.
Cela s'empira quand Gülcan leur annonça qu'ils avaient une interro surprise.
« On veut être sûr que vous n'ayez rien oublié pendant les vacances » expliqua-t-elle doucement, montrant ses seins aux élèves à chaque fois qu'elle se penchait pour déposer une feuille sur leur table. « Et n'oubliez pas de vous inscrire pour les bonbons de Noël! Ils ne sont pas très bons mais c'est une bonne façon de montrer à une personne à quel point vous tenez à elle. »
Bill jeta un coup d'œil au profil de Tom. Ce dernier était penché sur sa feuille, le front plissé et mâchonnait son piercing. Presque aucun des élèves n'avait levé la tête quand Gülcan avait parlé des bonbons de Noël. Après tout, ces bonbons étaient un truc de fillette et l'école n'était pas mixte; l'idée des bonbons de Noël n'avait jamais été très populaire à l'académie Heisenberg.
Pas que cela posait problème à Bill. Il sourit malicieusement mais son sourire s'effaça quand il eut une pleine vue des seins de Gülcan. Frissonnant, il regarda son interrogation, grognant encore plus devant les mots et les nombres qui, pour son esprit non entraîné, ressemblaient à du chinois.
Il savait qu'il allait louper le contrôle, alors pourquoi rester là?
« Mademoiselle Karahanci? » Il leva la main.
« Oui, Bill? »
« Est-ce que je peux aller aux toilettes? »
« Euh...bien sûr, je crois. Mais dépêche-toi de revenir. »
Bill opina, jetant son stylo. Il lança un regard à Tom et se dépêcha de sortir de la classe, courant presque dans le couloir jusqu'à atteindre la sortie. Il quitta le bâtiment et courut jusqu'au bâtiment Franck, ouvrant la porte de sa chambre à la volée.
Il se jeta sur le lit, commençant instantanément à enlever sa ceinture. Il savait que Noël était passé, mais il n'avait même pas réfléchit à ce qu'il pouvait acheter à Tom; le blond était toujours si indépendant, toujours si anti-riches. De plus, il semblait parfaitement content avec ce qu'il avait et ne demandait jamais plus et ne s'achetait jamais plus.
Les bonbons de Noël seraient parfaits comme cadeau et Bill savait comment rendre ça encore mieux. Durant la St Valentin, dans son ancienne école, ils avaient des chocolats à offrir et il savait que le destinateur devait écrire un mot et, s'il le voulait, ajouter des feuilles.
Il savait exactement ce qu'il allait ajouter aux bonbons de Tom. Il prit son appareil photo dans le tiroir du bureau alors que son pantalon tombait à ses chevilles. Il regarda l'heure; le cours de physique ne serait pas fini avant une heure et demie. Il avait entièrement le temps.
Ce n'était pas comme s'il avait eu l'intention de retourner en physique. Ou dans n'importe quel autre cours.
Tom quitta le vestiaire en fronçant les sourcils. Saki avait forcé tous les garçons à s'entraîner aux bases du football, en préparation du match contre Mädchen.
« C'est tout un tas de filles maigrichonnes avec des jambes minuscules de filles » avait grondé Saki alors que les garçons étaient au sol, en train de faire des pompes dans la boue. « Donc si vous perdez contre elles, vous ferez honte à toute la gente masculine! »
Ça aurait été beaucoup plus drôle si Bill avait été là, avec lui. Mais Bill était parti 'aux toilettes' pendant la physique et n'était jamais revenu, et Tom était un peu inquiet pour lui.
« Bill? » appela Tom alors qu'il ouvrait la porte de leur chambre. « Qu'est-ce que... »
La chambre était en désordre complet. Des vêtements étaient étalés partout et le sol était couvert de markers et de stylos, ainsi que de bouts de papier qui semblaient avoir été souillés avec des nuances multiples : violet, rose et vert. Tom remonta le chemin de bordel jusqu'à trouver Bill allongé dans son lit, un drap fin recouvrant son corps. Tom pouvait voir les formes de son corps et dire qu'il était nu.
« Billou » dit-il doucement, se déchaussant et s'installant dans le lit, à côté de Bill.
Les yeux de ce dernier s'ouvrirent lentement et il inclina la tête, souriant en voyant que le blond était avec lui dans le lit.
« Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi n'es-tu pas revenu en cours? Et pourquoi es-tu dans mon lit ? »
« Attends » marmonna Bill. Il enleva le drap et s'assit, attrapant son appareil photo qui était parterre à côté du lit. Il se blottit à nouveau contre Tom, allongé sur le dos et leva l'appareil au dessus de leur tête. « Dis ‘cheese’. »
Tom fit son meilleur visage de gangster, les lèvres en avant, les yeux brillants et essaya de ne pas rire tandis que Bill prenait plusieurs photos.
« Voyons voir » chuchota-t-il, se mettant sur le ventre et faisant défiler les photos. Il ouvrit béatement la bouche en voyant les têtes ridicules qu'avait faites Tom. « Espèce de trou du cul! Tu les as gâchées! » Il n'avait cependant pas l'air trop énervé.
« Est-ce que c'est ce que tu as fait toute la journée? Prendre des photos? » toussota Tom, se redressant sur les coudes. Il prit l'appareil et appuya sur un bouton pour voir les autres images. Bill cria et arracha l'appareil de ses mains, le protégeant de son corps, le dos tourné vers Tom.
« Ne regardes pas » lança-t-il.
« Pourquoi? »
« Parce que ce ne sont pas tes affaires » s'exclama Bill, gardant fermement l'appareil entre ses bras. Il regarda par dessus son épaule d'un air suspicieux, tournant toujours le dos à l'autre garçon et souffla, enfonçant sa tête dans l'oreiller. « De plus, je suis énervé contre toi. »
« Quoi? Pourquoi? »
« Pour m'avoir inscrit à cette connerie de football! » gronda Bill. « Tu sais que je déteste le sport. »
« C'est contre des filles! » Tom donna un petit coup dans les côtes de Bill, essayant de le retourner. « Bill, » il enroula ses bras autour du brun, qui se redressa et jeta l'appareil en dehors du lit. Il atterrit doucement sur le tapis et Bill se retourna enfin pour faire la moue.
« Pourquoi es-tu nu? » Tom plissa le nez.
« Tu le sauras bien assez tôt. Considère ça comme ton cadeau de Noël. »
La réponse qu'il reçut n'était pas vraiment satisfaisante. Un air de malaise apparut sur les traits de Tom et il s’éloigna, plaçant ses mains derrière sa tête, ses dents mordillant immédiatement son piercing comme il le faisait toujours quand il était vexé ou nerveux. Noël était venu et était reparti sans qu’il ne s’en aperçoive; Bushido n’ayant pas pris la peine d’interrompre une journée de ski pour faire un sapin et offrir des cadeaux. Tom et Bill avaient passé la nuit emmitouflés devant la cheminé; il n'y avait pas vraiment eu d'occasion d'aller faire du shopping et aucun cadeau n'avait été échangés entre eux.
Tom n'avait aucune idée de ce qu'il allait pouvoir acheter à son autre moitié, qui semblait déjà avoir tout ce qu'il désirait. Bill avait toujours été gâté au-delà du possible et un cadeau qu'il aurait pu désirer aurait été trop cher pour Tom.
« Je croyais que m'avoir nu te rendrais heureux » marmonna Bill, se sentant délaissé par Tom qui avait le regard dans le vide depuis plusieurs minutes. « Si tu ne veux pas le cadeau- »
« Ce n'est pas ça » répondit rapidement Tom. « Juste... qu'est-ce que tu veux? »
Bill se gratta le nez, se blottissant contre le torse du blond. « Rien, vraiment. »
« Bill- »
« Si je dis que je ne veux rien, alors c'est tout. Je ne veux rien, alors n'y pense même pas. » Bill le dit un peu plus férocement qu'il l'avait prévu. Il soupira alors que le visage de Tom s'assombrissait encore plus.
L'adolescent dreadlocké continuait de fixer la couchette supérieure, fredonnant légèrement, perdu dans ses pensées. Bill le regarda attentivement et fit lentement courir sa main le long de son torse pour ensuite presser sa paume contre son sexe, l'englobant légèrement.
« Bill, arrête ça » cracha Tom, se tournant sur le côté et chassant la main de Bill. « Je ne suis pas d'humeur. »
Bill hoqueta. Il n'avait jamais, jamais été rembarré aussi crument. Son visage devint rouge de colère et d’embarras et il passa au-dessus de Tom, attrapant des vêtements dans l'armoire et les enfilant.
« J'en ai tellement ras-le-bol de toute cette mascarade à la con » commença Bill avant que l'autre n'ait eu une chance de parler. Il manqua de déchirer son tee-shirt en le mettant et il souffla impatiemment. « Je ne veux aucun cadeau de ta part parce que je sais que tu es pauvre. Tu n'as pas besoin de toujours le rappeler putain. »
C'était au tour de Tom d'être énervé. Il s'assit, jurant parce qu'il venait de se cogner la tête contre le bois du lit. Frottant son front, il fixa Bill d'un regard brûlant. « Tu crois que c'est pour ça? »
« Bien sûr que c'est ça! » cria Bill. « Tu agis comme une putain de gamine à chaque fois qu'il est question d'argent. Je m'en fous complètement. J'en ai rien à foutre que tu sois pauvre, je t'aime quand même. »
« Je ne suis pas 'pauvre', idiot » railla Tom, se levant et marchant vers Bill de façon à ce qu'ils soient presque nez-à-nez. « Je voulais juste t'acheter quelque chose de sympa et te faire plaisir. »
« Et bien je te l'ai déjà dit, ne t'en occupe pas! » Bill ne semblait pas comprendre que Tom n'était pas si énervé que ça, et il était encore en colère. « Je n'ai rien dépensé pour ton cadeau! »
Il réalisa ce qu'il venait de dire et porta ses mains à sa bouche, ses yeux errant sur l'appareil photo encore au sol. Tom suivit son regard et se pencha pour prendre l'appareil avant que la main de Bill ne puisse s'en emparer. Il se redressa et éloigna Bill, attendant que l'appareil s'allume.
« Arrête ça! Tom, rends-moi ça, c'est une surprise! » Bill criait mais il se faisait complètement ignorer. Tom fit défiler les photos, passant celles que Bill avait pris d'eux deux dans le lit, faisant des grimaces. Une fois passé celles-ci, son visage vira au rouge, les yeux collés au petit écran.
Les photos lui rappelaient les petits cœurs en chocolat; ceux qui avaient un goût de merde mais semblaient toujours se vendre parce que les romantiques les achetaient pour la St Valentin. Les chocolats avaient des petits messages affectueux dessus, des trucs comme 'Sois à moi' ou 'Des baisers et câlins' ou 'Je t'aime'.
Ça commença innocemment. Les premières montraient Bill à partir de la taille, avec un de ces messages écrits sur son torse, ou son ventre ou son bras. Les premières avaient des messages tels que 'Serre-moi' et 'Embrasse-moi' et illustraient Bill montrant les messages et faisant la moue.
Après celles-ci, les petites photos envoyèrent du sang pulser dans le sexe de Tom. Bill sur le ventre, regardant par dessus son épaule, lançant un regard qui aurait fait rougir des stars du porno et se maintenant sur les coudes; les mots 'Baise-moi' écrits sur ses fesses.
« Oh putain-! » Les yeux de Tom manquèrent de lui sortir de la tête devant une prise de face. Bill, sur la photo, se touchait, la tête inclinée en arrière d'extase, le dos cambré, les jambes écartées. Tom sourit, mordant ses lèvres jusqu'à avoir mal. « Petite pute. »
Et avant que Bill n'ait pu se défendre, Tom le poussa contre la porte, l'embrassant fougueusement. Bill bougea ses lèvres contre celles de Tom, utilisant ses dents. Il était encore énervé du fait que son intimité ait été envahie, que la surprise ait été gâchée mais toutes ses pensées semblèrent s'envoler quand la main de Tom glissa dans son boxer, attrapant son sexe.
« Oh! » haleta Bill alors que son sous-vêtement glissait le long de ses jambes. Les ongles de Tom griffaient ses cuisses. Il décolla ses hanches de la porte, poussant son érection contre le jean rugueux de Tom, content de sentir une autre érection heurter la sienne. Le tissu frottait douloureusement contre sa peau sensible mais il continua de donner des coups de reins, se frottant contre Tom, sa bouche et ses mains devenant folles. Il fit plusieurs suçons dans le cou de Tom et le griffa quand il jouit.
« Merde. Aussi vite? » ricana Tom, débouclant sa ceinture et faisant tomber son pantalon à ses chevilles. Il attrapa Bill par les hanches et le força à se retourner, le côté de son visage pressé contre la porte. Le blond repéra un flacon de lotion et en déversa dans sa main, ne se souciant pas d'en avoir renversé la moitié sur le tapis. Il recouvrit son sexe de lubrifiant et fit l'amour à l'autre garçon, les deux pantelants et gémissants. Tom jouit violement à l'intérieur du corps mince de Bill, son torse pressé contre le dos du brun, se déversant aussi profondément que possible. Il gémit et ses genoux se dérobèrent.
Le corps de Bill était délicieusement à vif et il glissa au sol, à côté de Tom, se blottissant contre lui. Ils étaient appuyés contre la porte, complètement hors d'haleine, de vrais bienheureux.
« Sérieux... qu'est-ce que tu veux pour Noël? » murmura Tom, sa bouche cachée par les cheveux de Bill.
« Je t'ai dit que je ne voulais rien » grogna Bill. « Mais toi, débile, je voulais t'envoyer ces photos avec tes bonbons de Noël. »
Tom grommela. « Je ne veux pas de stupides bonbons de Noël. De plus, je suis content de ne pas avoir dû attendre pour les voir. Elles étaient... sympas. »
« Tu vois? Il y a un cadeau génial juste là et je n'ai pas dépensé un seul euro. »
« Radin. »
Ce dernier commentaire lui valut une gifle.